Méditation 1er samedi d’avril 2022

5ème mystère douloureux : Jésus meurt sur la Croix

Cette année le premier samedi du mois d’avril précède le dimanche de la Passion. C’est l’occasion de méditer sur les mystères douloureux et plus particulièrement sur la mort du Christ sommet de notre rédemption.

Comme toujours, pour mieux comprendre un mystère mettons-nous à côté de la Sainte Vierge et vivons cet instant avec elle. Stabat Mater dolorosa. Elle était là, debout, toute proche de son fils au visage méconnaissable. Son Cœur transpercé de douleur juste à côté du Cœur de Jésus, uni à lui comme il l’a toujours été.  Elle se remémorait sans doute de temps en temps sa vie avec Jésus. Tout ce qu’elle a « gardé dans son Cœur » : l’Annonciation, la Nativité, la fuite en Égypte, l’enfance merveilleuse à Nazareth, la bonté, l’intelligence de Jésus, ses prédications, ses miracles. Puis quittant ces souvenirs, ses yeux revenaient sur la réalité de son fils mourant et des larmes silencieuses descendaient doucement sur son visage digne. 

Tout à coup, Jésus s’adressa à elle. Va-t-elle recevoir des paroles de consolation ? Non. Le Christ va s’appuyer sur elle encore et encore. Il lui donne une nouvelle mission. Alors qu’il va mourir, il lui demande de nous considérer désormais, comme ses propres enfants, pour le remplacer, nous qui sommes responsables de sa mort. Il ne dit pas « voici un autre fils ». Il dit « voici ton fils », sous-entendu je retourne au Père et désormais tu dois aimer les hommes qui m’ont crucifié comme tu m’as aimé. Quel arrachement mystique a dû vivre la Sainte Vierge à ce moment-là. Laisser partir son fils si parfait, avec lequel elle est totalement unie et devoir le remplacer dans son Cœur par nous, hommes ingrats et pécheurs. Cruelle et sublime demande, véritable testament du Christ à sa Mère… Et Marie, comme au premier jour, accepte cette nouvelle maternité. Méditons en silence ce moment. Tout le rôle de la Sainte Vierge découle de ce nouveau « Fiat ». Son infatigable intervention pour nous aider, nous protéger tout comme sa peine incommensurable lorsqu’une âme d’un de ses enfants va en enfer pour toujours. C’est ce qui la fera pleurer à la Salette. Et c’est pour cela qu’elle ne cessera de trouver des moyens simples pour faciliter notre salut car Dieu ne lui refuse rien.

Revenons au Calvaire. Jésus rend son dernier souffle. « Père entre vos mains je remets mon esprit » et il incline la tête. A cet instant le Cœur de Jésus est – temporairement – séparé du Cœur de sa Mère. L’union entre eux était tellement parfaite que la douleur de la séparation sera du même niveau, insoutenable. Et comme si cela n’était pas suffisant, voilà la lance du soldat Longin qui vient frapper le Cœur de son fils, à quelques mètres d’elle. Le choc pour Notre Dame est inouï. Oui cette lance transpercera en même temps les Cœur de Jésus et de Marie. La prophétie de Saint Siméon s’est accomplie.  Alors Jésus est détaché de la croix et la Sainte Vierge recevra dans ses bras son corps inanimé.  Pas la moindre révolte, pas le moindre murmure. Juste le silence écrasant de ce nouveau « Fiat ». « Je suis la servante du seigneur ».

Souvent nous arrêtons notre méditation de la mort du Christ à ce moment-là. Mais en réalité nous devons la poursuivre car rien n’est terminé pour la Sainte Vierge. Commence alors son jour de douleur et de gloire :  le Samedi Saint. La Sainte Vierge est seule. La vision de ce qu’a enduré son fils ne la quitte pas. Elle revoit cette passion et son Cœur est broyé. La séparation avec Jésus devrait lui enlever toute raison de vivre. Mais non : elle sait. Sa foi ne la quitte pas. Elle porte seule l’Église naissante. En effet, après la mort de Jésus, le doute et la peur se sont emparés de tous les apôtres et disciples. Tout leur semble fini. Leur engagement leur parait inutile. Leur foi vacille. Mais elle, Notre Dame, ne doute pas une seconde de la future résurrection de son fils.  Mêlée à ses souffrances, sa foi inébranlable la porte et perdure pendant toute cette journée du Samedi Saint. Nous comprenons ici pourquoi le samedi est LE jour de la Sainte Vierge. Il n’y a aucun hasard si elle nous a demandé, chaque premier samedi du mois, de la rejoindre à notre tour pour réparer les offenses que le monde moderne lui fait. Toute l’origine de la réparation des premiers samedis du mois est là.

Et maintenant à notre tour d’avoir la foi. Rappelons-nous ces paroles du Christ si merveilleuses et incroyables : « je serai avec vous jusqu’à la fin du monde ». Voilà notre acte de foi qui nous est demandé. Et comment le Christ est-il présent sur terre ? La réponse est simple. Grâce à la messe et la présence réelle.

Mais qu’est-ce que la messe ? C’est le renouvellement non sanglant, non douloureux mais non moins réel du sacrifice du Christ sur la Croix. Chaque messe est un nouveau Vendredi Saint. En d’autres mots, au moment où le prêtre prononce les paroles de la consécration le Christ s’offre réellement sur l’autel de la croix, devant nous mais sans que nous puissions le voir. La Sainte Vierge est présente comme elle l’était le Vendredi Saint au Calvaire.

Quel moment inouï, à la fois terrible et sublime. Alors si on aime vraiment le Christ, comment ne pas être, comme la Sainte Vierge au calvaire, dans un recueillement des plus total et un silence profond au moment de la consécration ? Comment ne pas être à genoux dans une attitude humble et pieuse ?

Si nous avions été il y a 2000 ans au pied de la Croix, qu’aurions-nous fait ? Fermons les yeux et faisons travailler notre imagination un instant. Imaginons Jésus à quelques mètres de nous, au milieu de douleurs épouvantables, nous regardant personnellement avec amour, plein de miséricorde. Est-ce que l’on se serait mis à chanter à ce moment-là ? Serions-nous restés tranquillement debout ?  Bien évidemment que non. Face à une telle scène, où se mêlent douleur et amour, nous nous serions prosternés immédiatement dans un silence associant nos prières à l’immense tristesse de notre cœur. Et nous aurions demandé pardon, car cette mort a été provoquée par chacun de nous, tout en remerciant Dieu de ce tel don d’amour pour nous.

Que la méditation d’aujourd’hui sur le mystère de la mort de Jésus, ravive en nous une réelle perception de ce qu’est la réalité de la messe. A l’exemple des Saints, ayons désormais avant, pendant et après la consécration une attitude digne, silencieuse, priante, reconnaissante devant Notre Seigneur qui s’offre pour nous de nouveau. Et au plus profond de notre cœur aimons-le, remercions-le de nous sauver et préparons notre âme à le recevoir.

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