1er samedi déc. 2022 Méditation sur la Nativité

3ème Mystère joyeux : la Nativité

Fruit du mystère : l’esprit de pauvreté

En ce mois de décembre nous rentrons dans l’Avent et cette période du calendrier liturgique nous conduit, pour ce 1er samedi du mois, à méditer sur la Nativité. Observons tout d’abord dans quel lieu le Christ a décidé de venir au monde. Arrivé à Bethléem et sachant la naissance imminente, Saint Joseph va tout naturellement chercher une maison faite par les Hommes. Or tel n’est pas le plan de Dieu. En effet, l’Homme étant imparfait, le Fils de Dieu ne pouvait pas naître dans une maison imparfaite. Et devant le manque de place dans les auberges, guidé par la Providence, Saint Joseph va finalement se rabattre sur une simple grotte dans la campagne avoisinante. Comme pour le choix de sa Mère, Immaculée Conception, Dieu a choisi comme lieu de naissance la pureté intacte de sa propre création.

Jésus va donc naître sous la lumière des étoiles du ciel, à l’abri de la roche de la terre, aux milieux des plantes et des animaux. Quel lieu pour le Roi du ciel et de la terre ! Quel palais, plus digne que tout autre palais. Pour couronner le tout, Il est bien sûr entouré par le sommet de sa création terrestre, l’homme et la femme faits à son image. Saint Joseph et la Sainte Vierge sont là, seuls, dans un profond silence, contemplant et adorant cet Enfant qu‘ils savent être Dieu lui-même. La beauté de la scène est indescriptible. La rédemption rejoint la genèse et nous voyons dans cet instant de la nuit de Noël la beauté du plan de Dieu dans toute sa splendeur.

Mais la gloire de Dieu devait être manifestée ouvertement et voici que soudain les Anges apparaissent et chantent dans le Ciel. Ils invitent d’autres hommes, des bergers, non loin de là. Ceux-ci accourent avec leurs troupeaux et, sans le moindre doute, dans une incroyable spontanéité, ils vont s’agenouiller et se recueillir devant ce petit enfant. C’est grâce à l’humilité de leur âme qu’ils ont pu percevoir immédiatement et contre toute apparence que dans cette simple mangeoire Dieu est là. Leur présence est aussi un signe visible que Jésus, à peine né, entame sa mission de bon pasteur pour nous rassembler et nous emmener à la maison du Père.

Nous pouvons remarquer que comme pour la Nativité ce sont souvent des bergers qui sont choisis pour être voyants dans de nombreuses apparitions (Lourdes, la Salette, Fatima, etc.). Pourquoi ? Nous pouvons y voir trois raisons. Tout d’abord les bergers sont dans le silence tout au long de leur journée, loin des turbulences et de l’activité du monde. Ils sont donc naturellement réceptifs et prédisposés à écouter. Or le silence est l’attitude principale dans laquelle Dieu peut nous parler sur cette terre. « La prière nait du silence » dira le Cardinal Sarah. Satan au contraire déteste le silence et fait tout pour l’enlever. Aujourd’hui, plus que jamais, la technologie répand le bruit partout et de façon incessante. Alors si nous voulons rendre Dieu présent dans notre vie, si nous voulons qu’il nous parle, apprenons à couper les instruments de bruit et, comme les bergers, laissons fréquemment dans la journée une place pour le silence, pour écouter Dieu qui ne cesse de vouloir nous parler.

Cette nécessité du silence est encore plus importante dans les églises. La Sainte Messe a évolué comme le Monde, vers un bruit permanent. Les paroles à voix haute, les chants incessants, le micro, etc. ont pris le dessus et ne laissent quasiment plus de place au silence qui devrait pourtant occuper une partie importante de la Messe pour permettre aux fidèles d’adorer comme les bergers devant la crèche. Et que dire du brouhaha des discussions dans l’église dès que la Messe est finie. C’est une réelle offense faite à Dieu que de parler à tous ses voisins de la pluie et du beau temps alors que nous sommes encore dans Sa maison, devant Lui, et il est urgent de reprendre une attitude silencieuse dans ce lieu sacré.

Mais revenons aux bergers. Après le silence, la deuxième raison pour laquelle le Ciel s’adresse souvent à eux vient du fait qu’ils ont un coeur d’enfant. La simplicité de leur vie dans la nature leur fait conserver cette pureté, cette simplicité, cette spontanéité des enfants si chère à Dieu. C’est grâce à cette âme d’enfant que les bergers ont adoré l’Enfant Jésus immédiatement sans se poser de questions. « Si vous ne redevenez pas comme des petits enfants vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu. » Cette phrase de Jésus n’est pas une image. C’est une réalité qui doit imprégner notre vie spirituelle. Nous devons travailler à retrouver ce cœur d’enfant qui est naturellement au fond de nous. En particulier lorsque nous assistons à la Sainte Messe, nous devons avoir la spontanéité des bergers devant la crèche. Comme eux nous sommes invités à contempler Jésus non plus couché dans une mangeoire mais présent dans la Sainte Hostie. Comme eux nous devons chaque fois être émerveillés par Lui. Et même encore plus qu’eux car nous ne sommes pas simplement agenouillés devant Dieu. Par la Sainte Communion le Christ nous fait l’immense honneur de venir en nous ! En avons-nous une conscience suffisante ?

Combien Jésus doit souffrir lorsque, au lieu d’un cœur de berger, il rencontre un cœur d’adulte plein de certitudes et d’estime de lui-même. Qu’il doit être triste si la première chose que l’ont fait est de Lui demander ceci ou cela comme si on s’adressait à un marchand, au lieu de commencer par l’accueillir et l’adorer. Qu’il doit se sentir atrocement seul dans ces cœurs qui le reçoivent dans une indifférence totale sans penser à Lui ni s’occuper de Lui. Des communions comme celles-là replongent Jésus dans la solitude de son agonie au jardin des Oliviers. Oui nous avons une très grande responsabilité lorsque nous décidons d’aller communier mais en même temps Jésus ne nous demande rien de compliqué. Il se met à notre portée. Il voudrait juste que nous soyons comme les bergers simplement émerveillés de sa visite, de sa présence en nous.  Sachons tout oublier, faisons le vide en nous même pour mieux accueillir, contempler et admirer Jésus qui vient.

Ceci nous conduit au fruit de ce mystère de la Nativité : l’esprit de pauvreté. C’est la troisième caractéristique des bergers. La pauvreté dont il est question ici est la pauvreté du cœur. Un pauvre peut avoir un cœur de riche, tout comme un riche peut avoir un cœur pauvre (même si c’est plus difficile). L’esprit de pauvreté est en réalité indépendant de notre situation matérielle et réside dans un profond détachement des biens de ce monde associé à un abandon à la volonté de Dieu. Job, dans l’Ancien Testament, a toujours le même détachement, qu’il soit dans un état de grande prospérité ou d’extrême pauvreté. Il a toujours le même cœur abandonné à la volonté divine. Et Saint Joseph ! La Providence semble pourtant le malmener… Alors que la Sainte Vierge va enfanter, le voilà obligé de faire un long voyage pour le recensement. Une fois arrivé, il doit de nouveau repartir bien plus loin pour une terre étrangère. Mettons-nous à sa place. N’aurions-nous pas murmuré ? Quel sens d’être le chef de la Sainte Famille, d’accueillir Dieu lui-même et dès qu’il est là de devoir fuir comme un vagabond ? Non Saint Joseph ne murmure pas car il est le modèle de l’esprit de pauvreté. Sa vie est une adhésion sans limites à la volonté de Dieu. Et devant l’impossible, la Providence sera là. Avant le départ en Égypte, Dieu va envoyer sa “manne du désert“. Ce sont les Rois Mages qui seront son instrument et donneront l’or qui permettra à la Sainte Famille de vivre pendant ce voyage.

Alors gardons confiance. Notre monde devient de plus en plus incertain et nous n’avons plus de visibilité sur l’avenir ? Puisons dans cette Nativité de Notre Seigneur la paix intérieure dont nous avons besoin. Ayons comme Job cette attitude noble et confiante, cet abandon à la Providence, cet esprit de pauvreté plus que jamais nécessaire. Soyons des bergers de notre siècle et malgré la nuit froide restons émerveillés par ces Cœurs de Jésus et Marie dont l’amour rayonne dans la crèche sous la protection bienveillante de Saint Joseph.

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