1er samedi fév. 2023 Méditation sur la flagellation

 2ème Mystère douloureux : la flagellation

Fruit du mystère : la mortification des sens

Lors du 1er samedi du mois de janvier nous avons médité sur le 1er mystère douloureux, l’agonie au jardin des oliviers où Notre Seigneur a porté tous les péchés du monde. Dans le 2ème mystère douloureux qui suit, il va maintenant les réparer en acceptant par amour pour nous d’être la victime d’un premier supplice particulièrement cruel. La réalité de ce que Jésus a subi en ce matin du Vendredi Saint est mal connue et nous allons commencer par nous plonger dans cette scène de la flagellation en s’appuyant entre autres sur les écrits de la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich.

Jésus n’a pas reçu quarante coups de fouets (moins un) comme cela se faisait habituellement. La réalité est tout autre pour deux raisons. Lorsque Ponce Pilate décide de Le faire flageller, son objectif est de frapper le peuple avec une vision violente d’un corps ensanglanté espérant que cette vision leur suffirait et les dissuaderait de demander la mort de Jésus. Il donna donc probablement des consignes pour que cette flagellation soit plus violente pour être plus visible. Par ailleurs, des hommes de main des grands prêtres soudoyèrent de leur côté les bourreaux pour qu’ils frappent à mort le Christ pendant sa flagellation. Voici donc la terrible réalité de ce deuxième mystère douloureux.

Les bourreaux n’étaient pas des soldats mais des malfaiteurs condamnés qui épanchaient leur haine dans ce travail. Ils attachèrent Jésus debout face à une colonne, en tirant tellement sur ses bras, que ses pieds touchaient à peine terre. Alors ils commencèrent à le frapper avec des verges, des nerfs de bœuf et des cordes équipées de crochets aux extrémités. Ils étaient six et se relayaient tapant de toutes leurs forces. Au bout d’un certain temps, Jésus n’étant plus qu’une plaie, ils le détachèrent pour le rattacher face à eux et recommencèrent à le frapper. Visant Jésus souvent à la tête ils défigurèrent son beau visage. Et Jésus offrait ses souffrances pour réparer : « Je vis à plusieurs reprises, pendant la flagellation, des anges en pleurs entourer Jésus, et j’entendis sa prière pour nos péchés, qui montait constamment vers son Père au milieu de la grêle de coups qui tombait sur lui. ». La flagellation a duré en tout environ trois quarts d’heure et Jésus a reçu près de mille coups. A la fin, à demi-mort il fut détaché et tomba dans une mare de sang. La Sainte Vierge était présente : « Elle vit et souffrit intérieurement avec un amour et une douleur indicible tout ce que souffrait son fils. Souvent de faibles gémissements sortaient de sa bouche ; ses yeux étaient rouges de larmes. » Oh Notre Dame, combien votre Cœur si aimant a été supplicié pendant la flagellation de votre fils. Que ce 1er samedi du mois vienne réparer les offenses passées et actuelles qui vous sont faites.

La prise de conscience de ce qu’a été réellement la flagellation du Christ est bien sûr éprouvante mais n’est pas destinée à nous paralyser. Tout comme à Fatima où la Sainte Vierge a voulu marquer les petits voyants en leur montrant l’enfer, cette vision de Jésus flagellé doit nous secouer pour méditer sur la cause de cette flagellation : la gravité des péchés que nous infligeons au Christ. La violence de la flagellation doit en effet nous faire comprendre la violence de nos péchés à l’égard du Christ. Et dans cette scène insoutenable, nous ne devons pas nous placer en dehors comme des spectateurs mais dedans comme des acteurs. Nous sommes en effet chacun d’entre nous un de ses bourreaux. Oui à chaque péché nous assénons à Jésus un coup de fouet violent… Alors il est temps de pleurer comme les anges, de regretter nos fautes et de tomber au pied de Notre Seigneur en implorant son pardon.

La réalité de la flagellation du Christ et l’intensité du mal que nous lui avons fait subir permet aussi de nous faire comprendre l’immensité de Sa Miséricorde. Aujourd’hui, le mot Miséricorde est utilisé à tort et à travers dans l’Église sans vraiment comprendre ni son sens profond ni les conditions de son application. Miséricorde vient du latin “miserere“ notre misère et “cordia“ le cœur. C’est le Cœur de Dieu qui a compassion de notre misère humaine. Cette merveilleuse Miséricorde divine s’adresse à tous les hommes sans aucune exception. Mais attention, elle n’est pas une sorte de talisman permettant d’avoir la conscience tranquille à bon compte. La Miséricorde de Dieu nécessite une réponse de notre part. Elle nécessite qu’on prenne conscience du mal que l’on a fait à Jésus, qu’on le regrette, qu’on lui demande pardon avec la ferme intention de ne pas recommencer. Sans cela, la Miséricorde de Dieu ne peut pas s’exercer et nous n’aurons pas le salut éternel. C’est la grande ruse de Satan aujourd’hui : ne parler que de la Miséricorde et occulter le reste. Faire croire que cette Miséricorde a un effet automatique, signifiant « Nous irons tous au Paradis ». C’est une ruse terrible qui modifie notre conscience peu à peu nous faisant perdre totalement le sens et la réalité du péché. Ce faisant nous partons droit vers l’enfer en toute tranquillité, confortablement installés dans l’illusion de cette Miséricorde à “effet automatique“. Pour bien comprendre, revenons à l’Évangile. Regardons Sainte Marie-Madeleine. A-t-elle fanfaronné sur la Miséricorde de Jésus ou s’est-elle prosternée à ses pieds en pleurant sur ses péchés. Et Saint Pierre ? S’est-il dit après le reniement : pas grave il y a la Miséricorde, ou a-t-il pleuré amèrement. Voilà l’attitude que nous devons avoir. Voilà cette vraie contrition nécessaire pour pouvoir obtenir le pardon du Christ lors de la confession et obtenir sa Miséricorde. Et quand nous agissons ainsi, comme Sainte Marie-Madeleine et Saint Pierre, c’est alors un déluge d’amour et de grâces que Jésus nous accorde, c’est une véritable Miséricorde de feu qui vient consumer nos fautes, c’est un accueil dans son Cœur comme l’enfant prodigue a été accueilli par son père. Remarquons d’ailleurs que dans cette parabole, l’enfant prodigue a juste demandé une place misérable au milieu du bétail, trop conscient de ses fautes. Mais face à ce beau repentir, son Père l’a au contraire réinstallé au premier rang de sa maison. Oui Miséricorde et repentir sont indissociables.

Revenons maintenant au fruit de ce mystère « la mortification des sens ». On comprend désormais qu’après avoir frappé nous-même Jésus, nous devons réparer. Et la seule façon de réparer c’est d’offrir des sacrifices, de mortifier nos propres sens, comme Jésus lui-même a été mortifié dans sa flagellation. En faisant cela, non seulement nous réparons nos fautes par un acte d’amour, mais nous réduisons en plus l’emprise de nos sens et améliorons notre volonté pour mieux résister aux tentations futures. C’est tout le sens du jeûne. Outre ces pénitences que nous pouvons nous infliger, il y a aussi l’acceptation des souffrances que nous subissons, de nos maladies, de nos douleurs physiques. La mortification des sens c’est de les offrir dans une grande union avec Jésus flagellé. Et si nous avons du mal à le faire, alors plongeons nos yeux dans les yeux du Christ supplicié, attaché à sa colonne, et puisons en lui sa force : Seigneur, vous qui avez tant souffert par amour pour moi, donnez-moi votre force pour qu’à mon tour j’accepte par amour pour vous les épreuves qui vous m’envoyez.

Terminons cette méditation avec la tentation sous apparence de bien. Ponce Pilate avait un premier objectif louable : que jésus ne soit pas tué. Mais sous ce prétexte, il va commettre un mal très grave et faire torturer Jésus gratuitement. Outre une souffrance supplémentaire, le résultat sera quand même la condamnation à mort, le tout avec la conscience tranquille se disant qu’il a tout fait pour l’empêcher. Ce mécanisme du mal sous apparence de bien est diabolique et terriblement difficile à appréhender. Dès que l’on dénonce le mal, on nous rétorque le bien du prétexte associé. Regardons combien l’Église d’aujourd’hui y est confrontée. On entend qu’il ne faut plus évangéliser (pas de prosélytisme) car toutes les religions seraient voulues par Dieu et que ce ne serait pas charitable. On entend que l’état de divorcé ou d’homosexuel doit être « accepté » dans l’Église pour des raisons d’amour et d’accueil du prochain. On entend que l’Église doit s’adapter au Monde (traduire : abandonner son enseignement bimillénaire) pour lui permettre de mieux toucher les gens. N’est-ce pas en réalité une façon de flageller l’Église du Christ “Une, Sainte, Catholique et Apostolique“ pour au final la vider de toute substance ?  Oui ce mélange du bien et du mal est une grande épreuve. Mais ne soyons pas troublés  même si la barque est dans la tempête et Jésus semble dormir. Après la Passion vient la Résurrection.

fr French
nl Dutchen Englishfr Frenchit Italianpl Polishpt Portugueseru Russianes Spanish