Méditation 1er samedi de septembre 2022

2ème mystère joyeux : La Visitation

Fruit du Mystère: la charité envers les autres

Septembre est le mois de la fête de la Nativité de la Sainte Vierge. C’est l’occasion de méditer en ce 1er samedi le grand mystère de la Visitation dont on ne perçoit pas toujours la profondeur.

Lors de l’Annonciation, la Sainte Vierge était seule avec l’Ange et sa mission divine lui a été annoncée en privé. Il fallait ensuite que cette mission soit annoncée aux Hommes. C’est la Visitation, véritable révélation « publique » de la mission de la Sainte Vierge et de l’Incarnation, adressée à Sainte Élisabeth et Saint Jean-Baptiste (dans le ventre de sa mère) qui en seront les premiers témoins.

Ces deux mystères sont donc totalement liés. On peut d’ailleurs constater que l’Ave Maria les fusionne en associant les deux salutations : celles de l’Ange Gabriel « Je vous salue Marie pleine de grâce le Seigneur est avec Vous » et celles de Sainte Élisabeth, inspirées par le Saint Esprit « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. »  Car c’est bien le Saint Esprit qui est à l’œuvre lors de la Visitation. Marie n’a pas besoin de parler. En la voyant, sa cousine reçoit immédiatement la révélation dans son cœur et fera ce suprême témoignage, empreint de respect et d’humilité : « D’où m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi. » On retrouvera plus tard cette même humilité dans les paroles de son fils Jean Baptiste : « Je ne suis pas digne de lui délier la courroie de sa sandale ».

Contemplons avec quel respect Sainte Élisabeth puis Saint Jean-Baptiste parlent du Christ et de la Sainte Vierge. Or ce sont de très grands Saints et des membres de la propre famille terrestre de Jésus et Marie. Et pourtant, quelle déférence ! Comme l’Ange Gabriel lors de l’Annonciation. N’est-ce pas l’exemple qu’il faut suivre lorsque nous-mêmes nous nous adressons au Christ ou à la Sainte Vierge d’autant que nous ne sommes ni des Anges ni des Saints mais de pauvres pécheurs ? La méditation du mystère de la Visitation soulève avec justesse cette question sur nos attitudes parfois trop familières et même le tutoiement vis-à-vis du Christ et de la Sainte Vierge. Bien sûr on peut considérer à juste titre que dans leur bonté ils viennent pourtant à nous et se mettent à notre niveau. Oui. Mais ce n’est pas parce que le Roi et la Reine se mettent à la portée de leurs serviteurs par amour pour eux que les serviteurs de leur côté peuvent agir comme s’ils étaient leurs égaux. Reprenons l’histoire de l’Église. Rappelons-nous l’immense respect toujours exprimé par les Papes, les Saints, les Docteurs de l’Église, les mystiques. Et posons-nous la question sur notre future attitude lorsque nous paraîtrons devant le Christ et la Sainte Vierge à la fin de notre vie sur terre…

Mais revenons à la scène de la Visitation. Devant la salutation spectaculaire de sa cousine, Marie répondra par une des plus grandes prières que nous connaissons : le Magnificat. Loin de se mettre en avant, elle louera Dieu et témoignera tout simplement du plan divin sur elle. Nul orgueil pour se vanter de sa mission, ni fausse modestie pour la dissimuler. Seules la foi, la vérité, et l’humilité éclatent dans ce Magnificat qui sort du Cœur de la Sainte Vierge avec une pureté et une beauté inégalées. Relisons le début de cette louange :

« Mon âme glorifie le Seigneur. Et mon esprit a tressailli d’allégresse en Dieu mon Sauveur. Parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante, et voici que désormais toutes les générations me diront bienheureuse. Car celui qui est puissant m’a fait de grandes choses et son Nom est saint. Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur. Il a renversé les puissants de leur trône, et a élevé les humbles. Il a rempli de biens les affamés et a renvoyé les riches les mains vides. »

On peut remarquer que la première partie du Magnificat suit l’ordre des commandements de Dieu. La Sainte Vierge commence par honorer et aimer Dieu et lui témoigne une immense reconnaissance. Sainte Jeanne d’Arc aura cette formule que nous devons faire nôtre : « Dieu premier servi ». C’est l’esprit du Magnificat. Puis la Sainte Vierge va ensuite témoigner de sa propre mission mais sans jamais se mettre en avant. Tout reste centré sur Dieu, tout reste contenu dans une humilité parfaite. Elle annonce avec une si grande simplicité une si grande mission envers toute l’humanité (les générations). Le Magnificat c’est l’annonce de Marie, Mère de tous les hommes, Immaculée Conception et Médiatrice de toutes les grâces. Nous retrouvons cette annonce plusieurs fois dans l’ancien testament et en particulier dans le si beau passage du livre des Proverbes (8 :22-35) qui est lu lors de la fête de l’Immaculé Conception du 8 décembre et dont voici un extrait :

« Le Seigneur m’a créée, prémices de son œuvre, avant ses œuvres les plus anciennes. Avant les siècles j’ai été fondée, dès le commencement avant l’apparition de la terre. (…) Alors que Dieu n’avait fait ni la terre, ni les champs, ni l’argile primitive du monde lorsqu’il affermissait les cieux j’étais là. (…) Lorsqu’il imposait à la mer ses limites, pour que l’eau ne franchisse pas ses rivages, lorsqu’il établissait les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme un maître d’œuvre. »

A la lumière de ce passage de la Bible on comprend mieux le Magnificat et le rôle de la Sainte Vierge dans le Plan de Dieu. Dieu avant même d’entreprendre sa création, sachant que l’Homme allait être infidèle, ne pouvait pas ne pas concevoir à l’origine la solution par laquelle l’Homme serait sauvé. Cette solution, nous le savons, c’est cet être parfait, la Sainte Vierge, qui permettra à Dieu de s’incarner et qui sera placée au-dessus de toute la création grâce à ses mérites. Voilà pourquoi, comme nous l’a dit Sainte Jacinthe de Fatima, Dieu veut placer à côté du Cœur de Jésus le Cœur de Marie.

Abordons maintenant le fruit de ce mystère. Pourquoi la « Charité envers les autres » est-elle associée étroitement à la Visitation ? La réponse est dans l’Évangile : « Aussitôt après, Marie, se levant, partit en toute hâte et prit le chemin des montagnes de la Judée. » La Sainte Vierge, vient d’apprendre sa mission divine. Reste-t-elle centrée sur elle-même après une telle annonce ? Prend-elle du temps pour réfléchir sur les paroles de l’Ange comme nous l’aurions tous fait ? Non. Apprenant que sa cousine âgée est enceinte, elle part immédiatement la voir pour l’aider. Et ce n’était pas simple et sans mérite. Il s’agissait d’un pénible voyage dans les montagnes, seule, alors qu’elle-même est enceinte. La Visitation est bien une démonstration spontanée de la Charité et de l’Amour du prochain en s’oubliant soi-même. Quel exemple de la part de notre Reine du Ciel !

Les paroles du Magnificat, dans sa deuxième partie, viennent ensuite placer la Charité sur le plan divin. Dieu prend soin des humbles et disperse les orgueilleux nous dit la Sainte Vierge. Nous voyons par-là que la Charité n’est pas uniquement une affaire matérielle mais est d’abord une attitude spirituelle. La vraie Charité envers les autres c’est d’abord l’attention de notre cœur à leur égard car ils sont eux aussi enfants de Dieu. De là découle ensuite, fondé sur l’exemple de Dieu lui-même, les actes charitables matériels et spirituels que nous devons réaliser. En revanche sans Dieu, la Charité perd son sens et devient « l’humanitaire », nom qui tend à exclure Dieu dans l’aide et l’Amour portés aux autres, ce qui n’a pas de sens car tout Amour vient de Dieu. Alors suivons l’exemple de notre Mère du Ciel, visitons et aidons notre prochain le regard tourné vers Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, source unique de tout Amour et de toute Charité.

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