Méditation 1er samedi de mars 2022

1er Mystère joyeux: l’Annonciation

Fruit du Mystère : l’humilité

Le mois de mars est le mois de l’Annonciation. Ce premier samedi est donc l’occasion de méditer sur cette fête d’une richesse sans limites. Il y a tant à contempler dans ce mystère. Le jour de l’Annonciation, cinq personnes sont plus particulièrement à l’œuvre : Dieu le Père, le Fils, le Saint Esprit, la Sainte Vierge, et l’Ange Gabriel. Contemplons tout d’abord l’œuvre de Dieu. Pour racheter les hommes, le Père donne son Fils, l’envoie sur terre se faire homme. Alors qu’ils sont unis d’un amour infini par le Saint Esprit, un amour qui dépasse tout amour humain imaginable, essayons de mesurer ce qu’a dû représenter cette séparation entre le Père et le Fils, unique dans l’histoire de leur éternité. Quel sacrifice. Le Père et le Saint Esprit sacrifient leur amour, le Fils consent à se sacrifier lui-même. L’Annonciation c’est d’abord cet acte d’amour impénétrable de la Sainte Trinité à notre égard.

Pendant que se prépare dans le Ciel cet évènement inouï, La Sainte Vierge est là sur terre. Dieu l’attendait pour mettre en œuvre son plan pour sauver l’humanité. Sans elle point d’incarnation. Point de Rédemption. Car Dieu ne pouvait s’incarner que dans une pureté totale. Il faut d’ailleurs noter que le « peuple élu » dans l’ancien testament ne signifie pas que Dieu préfère ce peuple sur les autres mais signifie que c’est de cette lignée que viendront la Sainte Vierge et le Christ. C’est aussi de cette lignée qu’est issu le père terrestre du Christ, Saint Joseph. L’Annonciation est donc l’accomplissement de toute l’histoire du peuple juif élu et de son ancienne alliance.

Mais revenons à cette magnifique scène. La Sainte Vierge est dans sa maison, en prière comme si souvent. Et voici que l’Ange Gabriel lui apparait. Regardons avec quelle déférence, avec quel respect il s’adresse à elle. Alors que c’est un Ange du Ciel venu dans sa propre magnificence, il aurait pu avoir un ton plus direct. Bien au contraire il s’abaisse et exprime un incroyable respect. Alors si l’Ange Gabriel en personne agit comme cela, gardons-nous, pauvres êtres humains, d’avoir un ton familier avec notre Reine du Ciel, de la tutoyer comme si c’était une amie. Bien sûr elle veut que nous soyons proches d’elle comme ses enfants. Que notre relation soit avant tout une relation d’amour. Et c’est pour cela qu’à Fatima elle demande d’être aimée à travers son Cœur Maternel comme le Christ a demandé d’être aimé à travers son Sacré-Cœur. Mais amour ne signifie pas familiarité. Aimer une personne veut dire qu’on cherche d’abord à la connaître. Et plus on connait la Sainte Vierge, plus elle apparait admirable, plus elle impose le respect, l’admiration, la vénération. Et plus on se sent petit devant elle. Alors prions notre Reine du Ciel comme ses enfants, oui, mais tout en gardant le même respect utilisé par l’Ange Gabriel. Il est d’ailleurs impressionnant de constater que le raz-de-marée du tutoiement dans l’Église moderne a une exception et une seule : le « Je vous salue Marie ». Le Christ a laissé faire le tutoiement irrespectueux à son égard, Dieu le Père et le Saint Esprit aussi.  Mais ils ne l’ont pas permis pour la Sainte Vierge. C’est un miracle, au sens réel du terme, que le « Je vous Salue Marie » soit resté seul intacte. Pur et sans tâches comme elle.

Contemplons maintenant la réaction de la Sainte Vierge lorsqu’elle va entendre l’annonce de l’Ange. Elle va d’abord utiliser son intelligence que Dieu lui a donnée et essayer de comprendre. « Comment cela est-ce possible …? » Il n’y a dans sa question ni refus, ni expression de doute, ni orgueil, mais une légitime recherche de la Vérité. Mais dès que l’Ange aura répondu que c’est la simple volonté de Dieu, alors sa foi prendra immédiatement le relais et accomplira son « Fiat ». L’exemple qu’elle nous donne à cet instant doit nous préserver de deux erreurs opposées rencontrées fréquemment aujourd’hui : « l’illuminisme » où notre intelligence est laissée de côté, et le « rationalisme absolu » où la foi est absente. Dans ces temps troublés, sachons éviter l’un et l’autre. En particulier, faisons preuve de discernement face aux multiples fausses apparitions ou spiritualités qui vont tenter de nous embarquer dans l’illuminisme ou le sentimentalisme. Ces dérives, sous couvert de vouloir rapprocher l’Homme de Dieu, ont en réalité l’effet inverse. Restons à la lumière de l’enseignement bi millénaire de l’Église pour ne pas se faire prendre.

Nous arrivons maintenant au point culminant de la perfection de la Sainte Vierge : sa réaction après l’explication de l’Ange. On peut dire que c’est cette parole qui va changer le sort de l’humanité : « Je suis la Servante du Seigneur, qu’il Me soit fait selon Votre Parole ». La perfection dans l’humilité et la foi. Elle ne doute pas une seconde, ne remet pas en cause, ne pose pas d’autres questions comme nous aurions probablement fait. Elle pose un acte de foi suprême, immédiat. Ce sera le même acte de foi qu’elle posera plus tard, le Samedi Saint, où elle ne doutera pas de la résurrection prochaine de son fils. Oui la Sainte Vierge est l’exemple même de cette foi qui déplace les montagnes. Et sa foi a fait bien plus que déplacer les montagnes : elle a permis au Christ de nous ouvrir le ciel. Ce n’est pas un hasard si Dieu a réservé pour notre époque la dévotion à son Cœur Immaculé. Car ce Cœur est avant tout le plus grand pilier de la foi. Appuyons-nous sur ce Cœur dans la tempête actuelle. Demandons-lui, elle qui est médiatrice de toutes les grâces, cette grâce de la foi dans notre monde apostat et relativiste où plus aucune vérité n’existe, où les religions sont présentées comme équivalentes. Ayons la foi dans sa promesse de Fatima : « A la fin mon Cœur Immaculé triomphera et il sera donné au monde un certain temps de Paix. » Ce temps de paix c’est le retour du règne de l’Église du Christ, Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

Le deuxième aspect merveilleux que nous pouvons contempler dans la réponse de la Sainte Vierge est son humilité parfaite. L’homme est tombé à cause de l’orgueil. Vous serez comme des dieux. La Sainte Vierge à cet instant précis de l’Annonciation va réparer ce péché d’orgueil par un acte d’humilité parfait. Sa simplicité, son abandon à la volonté de Dieu sans aucun regard sur elle-même, ses yeux juste tournés vers le Seigneur, tout cela est d’une puissance et d’une majesté impénétrable. Cet instant est le triomphe de Dieu sur Satan. Son plan peut enfin s’accomplir grâce à la Nouvelle Ève. Les hommes qu’Il a créé à son image vont enfin pouvoir le rejoindre au Ciel grâce à ces merveilleuses paroles de la Sainte Vierge.

Hélas, de nos jours l’orgueil est revenu dans notre monde plus que jamais. On peut même dire qu’il règne sans partage et ronge toute la société. Et c’est pour cela que, de nouveau, ce qui vaincra le monde sera l’humilité. La Sainte Vierge n’a pas besoin d’une armée pompeuse de personnes qui donnent sans arrêt leur avis sur tout, de personnes qui ne savent pas écouter ni obéir, inventent leur propre recette spirituelle. Non. L’armée sur laquelle la Sainte Vierge s’appuiera sera une « armée des humbles ». Ceux qui savent avoir la foi simple du forgeron. Ceux qui savent obéir aux demandes du Ciel sans poser des milliers de questions. Ceux qui savent travailler pour Dieu sans rechercher la reconnaissance des hommes, la recherche d’un peu de gloire ou de succès. Ceux qui gardent une immense déférence envers le Roi et la Reine du ciel car ils comprennent qu’ils ne sont rien, qu’ils ne sont que poussière.

Voilà cette armée des humbles qui est nécessaire aujourd’hui et dont le Sacré-Cœur parlait déjà à Sainte Marguerite-Marie lorsqu’elle s’inquiétait de sa petitesse face à sa mission : « Et quoi, ne sais-tu pas que je me sers des plus faibles pour confondre les plus forts ? » L’intervention de la Sainte Vierge suivra le même chemin. Elle l’a annoncé à La Salette : « Combattez, vous tous petit nombre qui y voyez ». Aujourd’hui, ce combat est l’application humble et obéissante des demandes de Fatima. La Sainte Vierge a promis solennellement que ce sera par ce moyen qu’elle triomphera de Satan qui s’est emparé du Monde. Telle est la volonté de Dieu annoncée depuis des siècles : c’est Elle qui écrasera la tête de Lucifer. Et personne, en particulier dans l’Église, ne peut ni n’a le droit de le contester.

Pour terminer, contemplons dans ce mystère de l’Annonciation, un dernier aspect non moins merveilleux que les autres. Lorsque Dieu le Fils descend dans le monde pour sauver les hommes, il quitte pour ainsi dire le Cœur du Père et trouve refuge sur cette terre dans un nouveau Cœur : celui de la Vierge Marie. Quel instant solennel où le Cœur de la Sainte Vierge va en quelque sorte prendre le relais du Cœur du Père. Mystère insondable. Si l’on devait résumer l’Annonciation ce serait à travers cette première rencontre entre le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie dont Saint Jean Eudes dira qu’ils sont tellement unis qu’ils ne forment qu’un seul Cœur. Ce Cœur a été fait pour nous. Il nous est donné. Qu’il soit notre refuge permanent et notre force pour traverser les épreuves qui arrivent.

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