1er samedi déc. 2023 Médit. sur le portement de Croix

4ème mystère douloureux : Le portement de Croix

Fruit du mystère : La persévérance dans les épreuves

Après le supplice du couronnement d’épines (notre méditation du 1er samedi de novembre) le Christ totalement défiguré est présenté à la foule. Le spectacle est insoutenable et la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich verra dans sa vision de la Passion un Pilate effrayé face à l’état et la souffrance de Jésus. Mais les Pharisiens, les grands prêtres et le peuple juif n’auront aucune compassion et leur volonté de mettre à mort Jésus restera inébranlable. Débute alors le terrible chemin de Croix dont Saint Alphonse de Liguori nous parle dans son œuvre “Considérations sur la Passion“ :

« La croix commença à faire souffrir notre Sauveur avant qu’il y fût cloué ; car, après la sentence prononcée par Pilate, on l’obligea à la porter jusqu’au Calvaire, où il devait mourir ; et Jésus, sans résister, la chargea sur ses épaules (Jn 19, 17).

Saint Augustin fait ici cette réflexion : « Si l’on considère la cruauté dont on usa envers Jésus-Christ, en le forçant de porter lui-même l’instrument de son supplice, ce fut une grande ignominie ; mais, si l’on considère l’amour avec lequel ce divin Maître embrassa sa croix, ce fut un grand mystère » ; car, en portant sa croix, il a voulu, comme notre Chef, arborer l’étendard sous lequel devaient s’enrôler et combattre ceux qui voudraient le suivre, pour conquérir avec lui le royaume des cieux.

Saint Basile observe que, tandis que les tyrans, pour accroître leur puissance, surchargent injustement leurs sujets, Jésus-Christ a voulu se charger de sa croix et la porter lui-même pour y sacrifier sa vie, afin de nous procurer le salut. Remarquons en outre que les rois de la terre fondent leur principauté sur la force des armes et l’accumulation des richesses ; Notre Seigneur, au contraire, a fondé la sienne sur la croix, c’est-à-dire, sur l’humiliation et la souffrance ; et il s’est soumis volontairement à porter sa croix sur le chemin douloureux du Calvaire, pour nous encourager par son exemple, et pour engager chacun de nous à se charger de sa croix avec résignation et à le suivre, comme il le dit à tous ses disciples (Mt 16, 24).

Comme pour le couronnement d’épines, ne regardons pas le chemin de Croix de loin comme si nous étions juste des spectateurs. Saint Alphonse de Liguori nous rappelle : « Il faut observer en outre que tout ce que Notre Seigneur a souffert dans sa passion, il l’a souffert pour chacun de nous en particulier. » Cette phrase est essentielle et doit résonner en nous. On médite le mystère du portement de Croix d’une façon totalement différente lorsque l’on prend bien conscience que la Croix qui écrase Jésus c’est ma propre vie de pécheur. Lorsque Jésus, sous le poids de cette Croix, s’écroule dans un craquement épouvantable sur le sol, ce sont mes péchés qui les uns après les autres viennent s’ajouter sur les épaules du Christ jusqu’à le terrasser.

Et il n’y a pas que nos péchés capitaux qui blessent les épaules de Notre Seigneur. La médiocrité de notre Amour pour Lui en est aussi la cause. Chaque fois que l’on communie sans respect et qu’une minute après on a déjà oublié Jésus réellement présent en nous, on appuie sur sa Croix par notre ingratitude. Chaque fois qu’à la fin de la messe, on bavarde dans Son église où il est réellement présent, au lieu d’attendre respectueusement pour Lui d’être dehors, on appuie sur la Croix de Jésus par notre irrévérence. Chaque fois que l’on passe une journée sans penser à Lui, sans essayer d’aller le voir alors qu’il est réellement présent dans les tabernacles des églises, on appuie sur sa Croix par notre indifférence. Oui, au-delà de la contemplation de Notre Seigneur qui se donne pour nous, la méditation de ce chemin de Croix doit être aussi notre chemin de conversion. En cessant d’offenser Dieu, en respectant le Christ dans la communion et dans ses églises, en lui consacrant du temps dans notre journée, en réparant les offenses qui lui sont faites, on agit alors comme Simon de Cyrène et on prouve notre Amour pour le Christ.

Avons-nous remarqué que pendant son portement de Croix, Jésus ne va parler qu’une seule fois? Il ne parlera pas aux siens qui l’aiment. Il ne parlera pas à la Sainte Vierge qui, traversant la barrière de soldats, se jettera à ses côtés, ni à Sainte Véronique qui essuiera son visage avec un voile, ni à Simon de Cyrène qui viendra l’aider à porter sa Croix. Non. Ses seules paroles seront étonnamment pour les filles de Jérusalem qui pleurent sur la violence du spectacle. Mais ces pleurs ne sont que du sentimentalisme extérieur. Alors, face à cela, Jésus « Se retournera » vers elles et aura ces paroles graves « Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants. » (Lc 23.28). On néglige souvent de méditer sur ce passage. Et pourtant, ces paroles de Jésus s’adressent en fait à nous.

Reprenons la scène à notre compte. Le visage tout ensanglanté, Jésus se retourne vers moi et me dit : mon ami ne t’apitoie pas sur mon sort mais sur ton âme de pécheur qui est la cause de mes souffrances. Oui, la compassion que l’on a envers Jésus marchant vers le Calvaire doit s’accompagner de la prise de conscience aiguë qu’on en est l’unique cause. Vivre ce chemin de Croix c’est à la fois contempler les douleurs de notre bon et doux Jésus et en même temps se jeter à terre près de Lui en implorant son pardon. Une tristesse sentimentale pour Jésus portant sa Croix n’a aucun sens si en même temps on continue à appuyer sur cette même Croix par notre orgueil. Une telle tristesse, même sincère, serait, comme les lamentations des filles de Jérusalem : une façade et non un véritable Amour de Jésus.

Aimer le Christ portant sa Croix c’est ce mélange délicat de profond respect, de gratitude devant son sacrifice et d’immense tristesse d’être la cause de ses souffrances. C’est le respect de Dieu fait homme qui est là, dans une patience admirable, gisant à terre sous les vociférations du public et le fouet des soldats à cause de MOI. Aimer, c’est admirer ce don, cette abnégation de Jésus-Christ qui donne tout pour me sauver. « Seigneur ! vous m’avez aimé, non comme vous-même, mais plus que vous-même ; puisque, pour me délivrer de la mort ; vous avez voulu mourir pour moi ! » dira Saint Alphonse de Liguori. Il en va de même pour le glaive, qui s’enfonce dans le Cœur de la Très Sainte Vierge Marie lorsqu’elle découvre son fils chargé de sa Croix. Ce glaive est planté non par les autres mais avant tout par MOI. Oh que nous devrions être glacés d’effroi en voyant ce que nous avons aussi fait à notre Mère ! Mais transformons vite cet effroi en vrai repentir. Alors, au lieu du désespoir, nous serons illuminés par la Miséricorde du Cœur de Jésus accordée à ceux qui savent demander pardon du plus profond de leur âme.

Pour terminer, le reproche de Jésus aux filles de Jérusalem doit aussi nous faire réfléchir sur notre attitude face à l’effondrement du monde actuel. On gémit volontiers sur la guerre qui menace, on se désespère du mal qui progresse partout. Mais là aussi, s’interroge-t-on sur notre propre médiocrité qui est aussi une des causes de tout ce mal. En effet, si nos actes bons, grâce à la communion des saints, rejaillissent en bien sur tous les hommes sans que nous le voyions, il en va de même pour nos fautes et nos négligences qui participent au développement du mal sur terre et même dans l’Église. Avant de se lamenter sur le monde, lamentons-nous sur nous-même nous dirait le Christ aujourd’hui. D’autant plus que la Sainte Vierge à Fatima nous a dit ce que nous devions faire : (1) ne plus offenser Dieu et (2) mettre en pratique les cinq demandes de Fatima. Or force est de constater que beaucoup de catholiques se plaignent tout en négligeant totalement ces demandes voir en les remplaçant par de multiples dévotions nouvelles sans faire preuve de discernement. Relisons ici et méditons cet avertissement de Sœur Lucie :

« Elle a dit [la Sainte Vierge ndlr], aussi bien à moi-même qu’à mes cousins, que Dieu donnait les deux derniers remèdes au monde : le saint rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et ceux-ci étant les deux derniers remèdes cela signifie qu’il n’y en aura pas d’autre. »

« Toujours dans les plans de la Providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise avant tous les autres recours. Or comme il a vu que le Monde n’a fait cas d’aucun [confère le Sacré Cœur ndlr], alors, comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, sa Très Sainte Mère. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du ciel parce que nous aurons commis un péché contre l’Esprit Saint, qui consiste à repousser ouvertement en toute connaissance et volonté le salut qu’on nous offre. »

Alors, si on aime Jésus-Christ et qu’on veut le soulager du terrible poids de sa Croix, cessons de l’offenser et mettons en œuvre les demandes de sa Mère faites à Fatima, en particulier les “1er samedi du mois“.

Salve Corda

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