1er samedi fév. 2024 Méditation sur l’Annonciation

1er mystère joyeux : L’Annonciation

Fruit du mystère : L’humilité

Nous débutons un nouveau cycle de cinq “1er samedi du mois“ sur les mystères joyeux. Le Rosaire commence par le mystère de l’Annonciation et ce n’est pas un hasard. A cet instant la Sainte Vierge va permettre à Dieu de commencer son immense œuvre de rédemption pour tous les hommes. Si on réfléchit à la vie éternelle avec Dieu, on peut constater qu’elle n’est possible que grâce à deux actions divines : (1) notre création et (2) notre rédemption. Sans la première nous ne serions que le néant, sans la deuxième nous serions coupés de Dieu à jamais. Mais si la première est l’œuvre exclusive de Dieu, on peut dire que la deuxième est une œuvre commune de Dieu et de la Sainte Vierge.

On oublie en effet souvent un point majeur. Lors de l’Annonciation, Dieu ne vient pas imposerà la Sainte Vierge Sa volonté. Dieu vient Lui demander si Elle accepte d’être la Mère de Dieu.

“Mais, pour ajouter à la gloire et au mérite de sa Mère, Il [Dieu] ne voulut pas en devenir le Fils, sans avoir d’abord obtenu son consentement, dit l’abbé Guillaume (Cant. 3).“   Saint Alphonse de Liguori.

Cela signifie que si notre rédemption est avant tout l’œuvre de Dieu, sa réalisation était dépendante du bon vouloir de la Sainte Vierge. Si Elle avait refusé, considérant que c’était trop d’honneur ou que c’était impossible (ce que nous aurions tous fait), l’Incarnation ne se serait pas réalisée.

Quel mystère insondable de voir que Dieu, créateur de toutes choses, Maître du Ciel et de la Terre, décide de s’en remette à la décision d’une humble vierge, Marie, pour sauver ou pas le genre humain!

Nous pouvons tenter de le comprendre avec une première explication : c’est le mystère de notre liberté. Cette liberté de l’homme, loin des clichés révolutionnaires hédonistes, est en fait une responsabilité terrible car elle nous permet de choisir Dieu ou au contraire de nous détourner de Lui.   On pourrait se demander pourquoi Dieu nous a donné cette liberté, pourquoi Il l’a donnée à la Sainte Vierge lors de l’Annonciation. Il aurait pu nous imposer simplement sa volonté et nous mener au Ciel automatiquement sans que nous ayons le choix. Cela n’aurait-il pas été plus simple ? Poser cette question c’est oublier une notion essentielle : Dieu est Amour et ayant été créé à son image nous devons nous aussi Aimer.  Or l’Amour par essence nécessite la liberté. Sans elle l’Amour est impossible. Pour Aimer Dieu, nous devons donc être libre de l’Aimer… ou pas.  Le péché d’Adam et Ève est le résultat du mauvais usage de cette liberté. Ils ont refusé librement la volonté de Dieu, ce qui a précipité le genre humain dans le chaos. Pour réparer ce mauvais usage de notre liberté, il fallait un nouvel acte libre qui au contraire adhère pleinement à la volonté de Dieu. Il fallait un “oui“ libre de Marie pour réparer le “non“ libre d’Adam et Ève.

“Ma souveraine, l’ange attend votre réponse, nous l’attendons tous, nous qui sommes déjà condamnés à la mort. Voilà, ô notre Mère, que le prix de notre salut s’offre à vous, ce sera le Verbe divin fait homme dans votre sein ; si vous l’acceptez pour Fils, nous serons aussitôt délivrés de la mort. Plus votre Seigneur s’est épris de votre beauté, plus il désire votre consentement, d’après lequel il a résolu de sauver le monde. Hâtez-vous, ma souveraine, répondez, ne retardez plus le salut du monde, qui dépend maintenant de votre consentement. “                                                             Saint Alphonse de Liguori 

Et la réponse de la Sainte Vierge ne s’est pas faite attendre.  Ses paroles, que l’on prononce trois fois par jour lors de l’Angélus, sont les plus belles et les plus importantes de toute l’histoire du monde : « Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon votre parole. » Pour arriver à une telle perfection on peut se poser la question : quel est le secret de Marie ? Quelle est l’origine de son attitude si merveilleuse et parfaite ? La réponse tient en seul mot : Son humilité.

Cette humilité de la Sainte Vierge, Saint Alphonse de Liguori nous l’explique de façon magnifique :

“A ce salut [de l’Ange Gabriel], accompagné de tant d’éloges, que répondit l’humble Marie ? Rien ; elle ne répondit pas, mais pensant à ce salut, elle se troubla. Et pourquoi se troubla-t-elle ? Serait-ce dans la crainte que ce ne fût qu’une illusion, ou par modestie (…)? Non, le texte est clair, fait remarquer Eusèbe d’Émèse. Ce trouble ne fut donc causé que par son humilité, en entendant des louanges si contraires à l’opinion défavorable qu’elle avait d’elle-même. Aussi, plus elle entendait l’ange l’exalter, plus elle s’abaissait et se concentrait dans l’idée de son propre néant. Dans ses réflexions sur ce sujet, saint Bernardin dit que, si l’ange lui eût déclaré qu’elle était la plus grande pécheresse du monde, Marie n’eût point éprouvé la même surprise, mais qu’à ces louanges sublimes elle se troubla tout à fait. Elle se troubla, parce qu’étant pleine d’humilité elle abhorrait toute louange personnelle, et désirait que son Créateur et bienfaiteur fût seul loué et béni. (…).

Ces louanges eurent seulement pour effet de lui causer une si grande crainte que, suivant la réflexion de saint Pierre Chrysologue, comme le Sauveur voulut être fortifié par un ange [lors de son Agonie ndlr], ainsi il fut nécessaire que saint Gabriel, voyant Marie consternée à ce salut, la ranimât en disant : Ne craignez point, ô Marie, vous vous étonnez par des titres sublimes que je vous donne, car, si vous êtes si petite et si basse à vos propres yeux, Dieu qui exalte les humbles, vous a rendue digne de trouver la grâce perdue par le genre humain, et en conséquence il vous a préservée de la tache commune à tous les fils d’Adam, il vous a honorée dès le moment de votre conception d’une grâce plus grande que celle de tous les saints, enfin il vous élève maintenant jusqu’à vous choisir pour sa Mère.“

Saint Bernard, admiratif devant cette humilité de la Sainte Vierge, pose lui aussi la question : « Souveraine, comment avez-vous pu unir dans votre cœur une idée aussi humble de vous-même avec tant de pureté, avec tant d’innocence, avec une telle plénitude de grâces ? Comment, ô Vierge bienheureuse, a pu s’enraciner si bien en vous cette humilité, et une si grande humilité, alors que vous vous voyiez honorée et exaltée à ce point par le Seigneur ?

Face à ce mystère insondable, Saint Alphonse apportera néanmoins une réponse : “Elle [la Sainte Vierge ndlr] venait de recevoir de l’ange la nouvelle qu’elle était cette heureuse Mère choisie du Seigneur. Mais Elle ne s’estime pas davantage pour cela, Elle ne s’arrête point à se complaire dans son élévation ; voyant d’une part son propre néant, et de l’autre l’infinie majesté de son Dieu, qui la choisit pour sa Mère Elle se reconnaît indigne d’un tel honneur, mais Elle ne veut point s’opposer à sa volonté. Sollicitée de donner son consentement, que fait-elle et que dit-Elle ? Complètement anéantie en Elle-même, d’un autre côté, tout enflammée du désir de s’unir de plus en plus à son Dieu, et s’abandonnant entièrement à la volonté divine : Voici, répond-Elle, la servante du Seigneur. »

Comment ne pas être bouleversé devant la beauté et la pureté de cette attitude. Le péché originel avait été à la fois un acte d’orgueil – vous serez comme des dieux – et de désobéissance – manger du fruit défendu. Par son humilité et sa parfaite obéissance à la volonté divine, la Sainte Vierge a réparé cette double faute, permettant ainsi à Dieu de venir réaliser son œuvre de rédemption. Nous voyons là combien l’humilité et l’obéissance sont importantes aux yeux de Dieu. Là est la base de notre vie chrétienne et tous les saints sans exception ont suivi cette voie.

Hélas, notre monde moderne est à l’opposé et a versé dans un orgueil inouï digne de l’époque de la tour de Babel. Le confort matériel, la puissance des nouvelles technologies, la mondialisation donne l’impression aux grands de ce monde d’être devenus comme des dieux. La désobéissance aux lois divines est devenue la règle et le monde se dirige de nouveau vers un chaos effroyable. Cependant Dieu ne nous a pas abandonné et a envoyé pour notre époque le moyen du salut : la dévotion au Cœur Immaculé de Marie demandée à Fatima, et en particulier les “1er samedi du mois“. Mais comme pour l’Annonciation, Dieu attend un consentement libre pour assurer le salut du monde. Et cette fois-ci il s’agit de notre propre consentement. Alors, qu’attendons-nous pour suivre sa demande ?

Face à l’orgueil des fils de Lucifer, opposons l’humilité des enfants de Marie. Face à la désobéissance de ce monde apostat, opposons une parfaite obéissance aux lois de Dieu et aux demandes de Fatima.  Ce n’est qu’en agissant ainsi, que nous permettrons à la Sainte Vierge d’intervenir comme Elle l’a promis : « A la fin Mon Cœur Immaculé triomphera ».

fr French
nl Dutchen Englishfr Frenchit Italianpl Polishpt Portugueseru Russianes Spanish