1er samedi mars 2023 Médit. couronnement d’épines

 3ème Mystère douloureux : Le couronnement d’épines

 Fruit du mystère : la mortification de l’esprit

Lors de sa flagellation, le Christ a été supplicié sur presque tout son corps à l’exception de ses mains, ses pieds et sa tête. Remarquons, dans la suite de sa passion, comme Il sera ensuite meurtri à la tête lors du couronnement d’épines puis aux mains et aux pieds lors de la crucifixion. Le don de sa personne est ainsi total, comme son amour pour nous est total. Mais au milieu de toutes ces souffrances qu’Il a enduré pour nous sauver, le couronnement d’épines revêt une signification particulière.

En enfonçant une couronne d’épines sur la tête de Jésus pour se moquer de Lui, les bourreaux vont en réalité apporter un véritable témoignage de sa royauté.  C’est ce que fera aussi Pilate par la suite sur l’écriteau de la croix : « Jésus de Nazareth Roi des Juifs ». Il se souviendra en effet de la réponse du Christ lors de son interrogatoire : « Tu es donc roi ? Tu l’as dit : Je suis Roi. » Jn 18 :36

Sa Royauté, au sens réel du terme, est un fait que Jésus a enseigné plusieurs fois dans sa vie. Le Notre Père en est le premier témoignage. « .. que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. » Nous voyons que cette grande prière commence par le Règne de Dieu (royauté) et que ce Règne concerne le ciel mais aussi la terre. Avant son Ascension, le Christ dira à ses apôtres : « Toute puissance M’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc et enseignez toutes les nations. » Mt 28:18 De nouveau le Christ fait état de sa toute-puissance sur la terre. « Remarquez, mes frères, Jésus-Christ ne dit pas tous les hommes, tous les individus, toutes les familles, mais toutes les nations. » dira le Cardinal Pie.

Nous arrivons ici à une des réalités les plus combattues des temps modernes. Le fait que Jésus-Christ soit non seulement le Roi de nos cœurs, le Roi de nos familles mais aussi le Roi de toutes les nations. Cette royauté sur les nations, Jésus-Christ l’a acquise à deux titres. En premier lieu par nature car en tant que Dieu il est roi de toute éternité. En témoigne l’or qui lui a été offert par les rois mages à sa naissance.  Cette royauté Lui vient ensuite par conquête car en tant qu’Homme il a racheté le monde au prix de son sang.  «L’autorité du Christ, ne lui vient pas seulement d’un droit de naissance, comme Fils unique de Dieu, mais encore en vertu d’un droit acquis. Lui-même, en effet, nous a arrachés à la puissance des ténèbres. Lui-même s’est livré pour la rédemption de tous. Non seulement les catholiques, non seulement ceux qui ont reçu le baptême chrétien, mais tous les hommes sans exception deviennent pour lui un peuple conquis. » Léon XIII, Encylique Annum sacrum, consécration du genre humain au Sacré-Cœur, 25 mai 1899.

Jésus-Christ doit donc régner sur les pays, les nations, les lois, les institutions sociales et c’est ce qu’explique le pape Léon XIII dans une autre encyclique promulguée un an plus tard.  « Celui qui est le Créateur et aussi le Rédempteur de la nature humaine, le Fils de Dieu, est le Roi et le maître de l’univers et possède une souveraine puissance sur les hommes soit pris séparément, soit réunis en société. La loi du Christ doit donc avoir une valeur telle, qu’elle serve à diriger et à gouverner non seulement la vie privée, mais aussi la vie publique. » Encyclique De Christo Redemptore, 1900. A sa suite, le Pape Pie XI publiera le 11 décembre 1925 l’encyclique Quas Primas sur la royauté sociale de Jésus-Christ dans laquelle la fête du Christ-Roi est instituée.

Cette encyclique est particulièrement explicite :« Sa royauté [du Christ ndlr] exige que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens aussi bien dans la législation que dans la façon de rendre la justice et que dans la formation de la jeunesse à une doctrine saine et à une bonne discipline des mœurs. » Et c’est précisément ce que Satan s’attache à détruire. En effet une société chrétienne dont le gouvernement et les lois se conforment aux lois divines donne un cadre terrestre aidant les âmes à aller au Ciel. En revanche une société athée laïque, coupée de Dieu, permet par ses lois de pervertir les hommes, les séparer de Dieu et de les conduire vers l’enfer. Pie XI appelle ce laïcisme « la peste de notre époque » et le Cardinal Pie dira : « L’erreur dominante, le crime capital de ce siècle, c’est la prétention de soustraire la société publique au gouvernement et à la loi de Dieu ». Ce crime est aujourd’hui accompli. La fameuse « séparation de l’Église et de l’État » (1) signifie en réalité éliminer Dieu de la société. N’est-ce pas la définition même de l’Enfer ? Un lieu où tout est coupé de Dieu.

Il s’ensuit alors de multiples maux issus de cette coupure avec Dieu et l’homme est progressivement broyé. Le Pape Benoit XV dira lors de la 1ère guerre mondiale : « C’est l’athéisme légal érigé en système de civilisation qui a précipité le monde dans un déluge de sang». Et Pie XI après lui renchérira : « C’est pour s’être misérablement séparés de Dieu et de Jésus-Christ que de leur bonheur d’autrefois les hommes sont tombés dans cet abîme de maux ». Oui la montée des guerres épouvantables, des génocides, des persécutions, des violences de plus en plus atroces, des luttes sociales, des totalitarismes, etc. ne sont ni plus ni moins que la conséquence d’avoir soustrait nos sociétés au pouvoir et à la loi du Christ-Roi.

Alors que faire ? A titre individuel, la première chose c’est de rendre les honneurs au Christ-Roi couronné d’épines :  Seigneur, Vous êtes le Roi du Ciel et de la terre. Nous sommes Vos serviteurs et nous Vous sommes humblement soumis. Pardon d’avoir cru cette “fable“ qui consiste à croire que Vous êtes créateur de toutes choses mais que Vous n’avez aucun droit dans le fonctionnement des nations terrestres. C’est non seulement un non-sens mais aussi un blasphème niant Votre Royauté universelle. Aidez-nous dès à présent à restaurer Votre règne social sur nos nations, nos sociétés, nos institutions.  Au-delà de cet honneur rendu au Christ-Roi dans nos propres vies, témoignons ensuite sur la place publique de l’immense erreur du monde actuel. Affirmons partout la royauté de Notre-Seigneur sur nos sociétés, lesquelles doivent suivre les principes de Son Évangile et respecter Ses lois divines.

Dans la continuité de Léon XIII, Saint Pie X, Benoit XV, le pape Pie XI nous y invitera : « Voulons-nous travailler de la manière la plus efficace au rétablissement de la paix, restaurons le Règne du Christ. Pas de paix du Christ sans le règne du Christ ». ….  « Le jour où États et gouvernements se feront un devoir sacré de se régler, dans leur vie politique, au dedans et au dehors, sur les enseignements et les préceptes de Jésus-Christ, alors, mais alors seulement, ils jouiront à l’intérieur d’une paix profitable, entretiendront des rapports de mutuelle confiance, et résoudront pacifiquement les conflits qui pourraient surgir. » Pape Pie XI, encyclique Urbi Arcano Dei Consilio, 1922

Mais loin d’être un joug, le règne du Christ est un règne d’Amour. Dans son livre La royauté sociale du Sacré-Cœur, le Père Ramière précise : « Le règne du Sacré-Cœur est le même que le Règne de Jésus. Mais quand je parle du Règne du Sacré-Cœur, j’entends que ce Règne de Jésus est un Règne d’Amour avec une plus grande abondance des grâces de son Cœur. Les lois du Sacré-Cœur sont les mêmes que les lois de Jésus. Mais quand je parle des lois du Sacré-Cœur j’entends que ces lois, Jésus nous les impose par amour pour nous, et que nous devons les observer par amour pour Lui. »

Remarquons enfin un fait incroyablement symbolique : le 10 décembre 1925 la Sainte Vierge viendra demander les 1ers samedis du mois pour réparer les offenses et obtenir la paix. Le lendemain même, 11 décembre 1925, le Pape Pie XI instaurera la fête du Christ-Roi. Le message est clair et conforme à ce qu’Elle a promis à Fatima : le retour du règne du Christ-Roi dans nos sociétés et la paix dans le monde se feront lorsque nous aurons enfin obéi aux demandes de notre Reine. C’est à Elle que le Christ a confié la mission de mettre un terme à l’apostasie mondiale et d’écraser le serpent. Sans Elle nous ne pouvons le faire. Que la contemplation de Jésus couronné d’épines nous aide à le comprendre.

* Courte explication complémentaire sur la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Bien que cela sorte un peu du cadre d’une méditation, il est nécessaire d’apporter ici un éclairage sur une erreur assez répandue concernant la négation de la royauté sociale de Jésus-Christ sur la terre. Cette erreur tente d’utiliser deux phrases du Christ « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », « Mon royaume n’est pas de ce monde » et de les interpréter comme signifiant que le fonctionnement de la société sur terre n’a rien à voir avec Dieu. D’où la séparation de l’Église et de l’État et la “laïcité“. Ce raisonnement basé sur une confusion se corrige assez facilement.

1/ Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu

Tout homme est à la fois un être temporel vivant sur terre et un être spirituel appelé à vivre éternellement au ciel avec Dieu après sa mort. Ici-bas il sera donc soumis à deux autorités, l’État et l’Eglise.

L’État a pour but immédiat le bien-être physique et moral de tous les citoyens et pour cela il doit mettre en œuvre les mesures nécessaires. Par exemple, l’État doit garantir la bonne et juste organisation des échanges commerciaux avec la monnaie. C’est la “monnaie de César“ qui relève bien de la responsabilité exclusive de César. Mais cette autonomie sur les aspects matériels dont parle Jésus ne signifie nullement que l’État (César) est libre de faire ce qu’il veut sur le plan moral et spirituel. Bien au contraire. Écoutons Jean XXIII : « Le “bien commun“ qu’a à défendre l’État comprend toutes les conditions, y compris les conditions morales et spirituelles, qui aident l’homme à atteindre son but ultime, qui est le paradis. » Pacem in Terris

Concernant l’Église, le pape Léon XIII explique dans Immortale Dei : « L’Église, quant à elle, est une société distincte de l’État, « parfaite » en ce sens qu’elle a tout en elle-même pour accomplir sa mission, qui est de mener les âmes vers le Ciel. » À elle seule est donc confiée la tâche de dispenser la grâce de Dieu par les sacrements, d’enseigner la foi et la morale. L’État ne peut s’arroger le rôle de maître en matière de foi et de mœurs. Il doit « rendre à Dieu ce qui est à Dieu », reconnaître l’autorité de l’Église en cette matière, et appuyer son action.

En conclusion, l’Église et l’État ont bien chacun un rôle distinct tout en étant unis. L’État est indépendant pour assurer de façon juste l’organisation matérielle de la société mais est soumis à l’Église pour les choses spirituelles et morales (rendre à Dieu ce qui est à Dieu) tandis que l’Église est indépendante pour assurer sa mission spirituelle mais n’interfère pas dans la gestion matérielle de l’État (rendre à César ce qui est à César). Nous voyons là, et c’est d’une telle évidence, que jamais le Christ n’a voulu dire qu’il ne régnait pas sur les sociétés civiles.

2/ Mon royaume n’est pas de “ce monde“

Dieu est un esprit et est éternel. Son royaume est donc par essence spirituel et éternel. Il ne peut donc pas être issu de “ce monde“ qui est principalement matériel et limité dans le temps. En revanche “ce monde“ est une petite partie de l’éternité et a été créé par Dieu qui, par surcroit, s’est fait homme.  “Ce monde“ fait donc partie intégrante de Son royaume. Les paroles du Christ signifiant que Son royaume n’est pas de ce monde – car beaucoup plus vaste, préexistant à la terre et de nature différente – ne signifie donc pas du tout que le monde n’appartient pas à Son royaume, bien au contraire.

A noter que le Christ n’étant plus visible ici-bas, il va donc exercer Son pouvoir royal sur la terre de façon indirecte en le déléguant à des hommes. C’est précisément la réponse qu’il fera à Ponce Pilate. « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut. » Jn19 :11 Toute autorité vient donc de Dieu. En conséquence, et comme dans tout principe de délégation, les “délégués“, pape, rois, hommes d’état, dirigeants, chefs de famille, etc. doivent exercer leur pouvoir en étant soumis à Celui qui le leur délègue. Ils doivent donc dans la société civile comme dans l’Église respecter les lois divines.

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