1er samedi mars 2024 Méditation sur la Visitation

2ème mystère joyeux : La Visitation

Fruit du mystère : La charité envers les autres

Après l’Annonciation, on pourrait se demander pourquoi la Sainte Vierge est partie immédiatement voir sa cousine Élisabeth ? La réponse tient en quelques mots : inspirée par l’Esprit Saint, Elle a voulu aider son Fils à commencer tout de suite son œuvre de rédemption. Et comme Jésus humainement ne pouvait agir car il était encore physiquement dans le sein de sa Mère, c’est Elle qui va l’amener auprès d’une première famille, celle de sa cousine Élisabeth. Cette Visitation, réalisée conjointement par le Christ et la Sainte Vierge est ainsi le premier acte de la rédemption du monde. En effet lors de l’Annonciation aucune âme n’a été sauvée. Notre Dame étant conçue sans péché originel, la venue du Christ en Elle n’a pas changé la pureté de son âme qui est la seule n’ayant pas besoin d’être “sauvée“.

Il a fallu attendre la Visitation pour que les premières âmes soient délivrées du péché originel, en particulier celle de Saint Jean Baptiste, l’illustre précurseur. C’est pourquoi l’enfant « tressailli » dans le ventre de Sainte Élisabeth. Et ce début de la rédemption du genre humain par Notre Seigneur n’est rendue possible que grâce à l’action de Notre Dame. La Visitation est donc une double fête : c’est d’une part le triomphe de Jésus Christ qui délivre du péché originel les premiers hommes de l’histoire et d’autre part la manifestation de Marie Médiatrice de toutes les grâces car cette première œuvre de rédemption n’a pu se réaliser que grâce à Elle.

Arrêtons-nous sur le deuxième aspect de ce mystère et considérons l’immense charité de Marie : « La sainte Vierge, ayant appris de l’archange saint Gabriel que sa cousine Élisabeth était enceinte de six mois, intérieurement éclairée du Saint-Esprit, elle connut que le Verbe incarné et devenu son Fils voulait commencer à manifester au monde les richesses de sa miséricorde, en accordant ses premières grâces à toute cette famille. Aussitôt, sortant du repos de la contemplation à laquelle elle était continuellement appliquée, et abandonnant sa chère solitude, elle partit pour se rendre à la maison d’Élisabeth. Comme la charité supporte tout et qu’elle ne souffre aucun retard, dit saint Ambroise sur cet Évangile (Lc. I, 35), sans s’inquiéter des fatigues du voyage, la faible et délicate Vierge se mit promptement en route. Arrivée à la maison, elle salua sa cousine, et suivant la réflexion de saint Ambroise, la salua la première. La visite de la Bienheureuse Vierge ne fut pas comme celles des mondains, qui se réduisent d’ordinaire à des cérémonies et à de fausses démonstrations : la visite de Marie apporta dans cette maison un trésor de grâces. En effet, à son entrée et à son premier salut, Élisabeth fut remplie de l’Esprit saint, et saint Jean-Baptiste fut lavé de la tache originelle, et sanctifié ; c’est pourquoi il donna un signe de joie, en tressaillant dans le sein de sa mère, voulant par-là révéler la grâce qu’il avait reçue au moyen de la Bienheureuse Vierge, comme le déclara Élisabeth. Or, si ces premiers fruits de la Rédemption passèrent tous par Marie, véritable canal par lequel étaient communiqués la grâce à Jean-Baptiste, l’Esprit Saint à Élisabeth, le don de prophétie à Zacharie, et tant d’autres bénédictions à cette famille, qui furent les premières grâces que nous sachions avoir été faites sur la terre par le Verbe depuis son incarnation ; c’est donc avec raison que la divine Mère est nommée le trésor, la trésorière et la dispensatrice des grâces célestes. »

Saint Alphonse n’est pas le seul à avoir annoncé ce rôle primordial de la Sainte Vierge. De multiples Saints l’ont également écrit et saint Bernardinindique que « la sainte Vierge, du moment qu’elle devint la Mère du Rédempteur, acquit une sorte de juridiction sur toutes les grâces. » Et après tant de saints, ce sera la Sainte Vierge Elle-même qui viendra lors des apparitions de la rue du Bac en 1830 nous montrer qu’Elle est médiatrice de toutes les grâces. Un détail de la Visitation est d’ailleurs intéressant à considérer. La distance de Nazareth à la maison d’Élisabeth était de trente-trois lieues nous précise Saint Alphonse. Ces trente-trois lieues semblent désigner clairement les trente-trois ans de la vie de Jésus sur terre et symbolisent le fait que la Sainte Vierge assistera son Divin Fils de son Incarnation jusqu’à son Ascension dans son œuvre de rédemption.

Alors on peut se poser une question : pourquoi Dieu a-t-il voulu passer par Marie pour dispenser ses grâces ?  C’est là un des mystères de la Rédemption. Mais nous pouvons tenter humblement de l’approcher. Prenons l’exemple d’un pont entre Dieu et nous. Dieu est sur une rive et nous sommes sur l’autre, séparés de Lui. En effet, la rive de Dieu (le Ciel) nous est par nature inaccessible car Dieu est infini, parfait et nous ne sommes que de simples créatures imparfaites entachées par le péché. Alors, dans sa miséricorde, Dieu va créer une première arche vers nous : son Fils qui tout en étant Dieu se rapproche de notre nature en devenant vrai Homme. Mais comme Il est Dieu, il reste par nature encore loin de nous, et une deuxième arche du pont sera nécessaire pour parvenir à nous : la Sainte Vierge qui Elle, de nature purement humaine, nous est donc pleinement accessible. Ainsi il ne nous reste plus qu’à emprunter cette arche à notre portée, laquelle nous conduit à la seconde arche, le Christ qui nous permet de rejoindre la rive du Père. La Visitation en est la démonstration : la Sainte Vierge par sa visite donne accès au Christ. Et le Christ, délivrant du péché originel, donne accès à Dieu.

Considérons maintenant la puissance de la Sainte Vierge. Saint Alphonse nous l’explique : « Marie obtient de Dieu tout ce qu’elle demande en faveur de ses serviteurs. Observez, fait remarquer saint Bonaventure au sujet de la visite de Marie à sainte Élisabeth, quelle grande vertu ont les paroles de Marie, puisqu’à sa voix la grâce du Saint-Esprit fut conférée à Élisabeth et à Jean, son fils, comme le rapporte l’Évangéliste (Luc I). Théophile d’Alexandrie dit que Jésus aime que Marie le prie pour nous, parce qu’alors toutes les grâces qu’il accorde par son intercession, il les accorde moins à nous qu’à sa Mère. Remarquez ces mots par son intercession, car, suivant saint Germain, Jésus ne saurait rien refuser de ce que Marie lui demande, voulant en cela lui obéir comme à sa véritable Mère ; d’où le saint conclut que les prières de cette Mère ont une certaine autorité sur Jésus-Christ, en sorte qu’elle obtient le pardon des plus grands pécheurs qui se recommandent à elle. Suivant une pensée célèbre de saint Anselme, quelquefois on obtient plus promptement les grâces en recourant à Marie, qu’en s’adressant à notre Sauveur Jésus lui-même : ce n’est pas qu’il ne soit la source et le maître de toutes les grâces, mais c’est qu’en recourant à sa Mère, et celle-ci s’intéressant pour nous, ses prières, étant celles d’une mère, ont plus de forces que les nôtres. “

En prenant conscience de cet immense rôle de la Sainte Vierge pour notre salut, nous comprenons pourquoi Satan est déchainé contre Elle et va essayer de nous couper d’Elle pour mieux nous couper de Dieu. Professer l’Évangile sans Notre Dame, ce que font les protestants, est un non sens. C’est aspirer au salut en refusant le moyen du salut. Car comme dit Saint Alphonse : « Si donc nous désirons des grâces, il faut nous adresser à la trésorière et à la dispensatrice des grâces, puisque la volonté suprême de l’auteur de tout bien, nous assure le même saint Bernard, est que toutes grâces soient dispensées par les mains de Marie. Qui dit toutes, n’en excepte aucune. »

Dom Guéranger décrira magnifiquement cette puissance de Marie qui rayonne lors de la Visitation : “Quelle est celle-ci, qui s’avance belle comme l’aurore à son lever, terrible comme une armée rangée en bataille (Carat. 6, 9) ? Ô Marie, c’est aujourd’hui que, pour la première fois, votre douce clarté réjouit la terre. Vous portez en vous le Soleil de justice ; et sa lumière naissante frappant le sommet des monts, tandis que la plaine est encore dans la nuit, atteint d’abord le Précurseur illustre dont il est dit qu’entre les fils des femmes il n’est point de plus grand. » 

Terminons en priant avec Saint Alphonse : « Ah ! ma Reine, qui avez mis tant de diligence à visiter et à sanctifier par votre présence la maison d’Élisabeth, daignez visiter, mais visiter promptement, ma pauvre âme. Faites diligence ; vous savez mieux que moi combien elle est indigente, affligée de plusieurs maux, d’affections déréglées, d’habitudes pernicieuses, de péchés commis : maux contagieux qui la conduiraient à la mort éternelle. Vous pouvez l’enrichir, ô trésorière de Dieu ! et vous pouvez la guérir de toutes ses infirmités. Visitez-moi donc pendant ma vie ; visitez-moi surtout à l’heure de la mort, parce qu’alors votre assistance me sera plus nécessaire. »

Et Saint Alphonse de conclure en nous invitant à prier sans cesse la Sainte Vierge : « Si nous souhaitons être visités par cette Reine du Ciel, il faut que nous la visitions souvent nous-mêmes, en allant prier devant quelqu’une de ses images ou dans quelque église qui lui soit dédiée. »

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