1er samedi nov. 2023 : Médit. couronnement d’épines

3ème mystère douloureux : Le couronnement d’épines

Fruit du mystère : La mortification de l’esprit

Nous poursuivons le cycle du Rosaire et allons tenir compagnie au Cœur Immaculé de Marie pendant ces quinze minutes en méditant sur le troisième mystère douloureux. Pour pouvoir comprendre le sens de ce couronnement d’épines il faut tout d’abord contempler visuellement cette scène de la Passion. Aidons-nous de la vision de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich :

« Le couronnement d’épines eut lieu dans la cour intérieure du corps de garde situé contre le forum, au-dessus des prisons. Elle était entourée de colonnes et les portes étaient ouvertes. Il y avait là environ cinquante misérables, valets de geôliers, archers, esclaves et autres gens de même espèce qui prirent une part active aux mauvais traitements qu’eut à subir Jésus. La foule se pressait d’abord autour de l’édifice ; mais il fut bientôt entouré d’un millier de soldats romains, rangés en bon ordre, dont les rires et les plaisanteries excitaient l’ardeur des bourreaux de Jésus comme les applaudissements du public excitent les comédiens. (…) Ils traînèrent ensuite Jésus au siège qu’ils lui avaient préparé et l’y firent asseoir brutalement. C’est alors qu’ils lui mirent la couronne d’épines.

Elle était haute de deux largeurs de main, très épaisse et artistement tressée. Le bord supérieur était saillant. Ils la lui placèrent autour du front en manière de bandeau, et la lièrent fortement par derrière. Elle était faite de trois branches d’épines d’un doigt d’épaisseur, artistement entrelacées, et la plupart des pointes étaient à dessein tournées en dedans. Elles appartenaient à trois espèces d’arbustes épineux, ayant quelques rapports avec ce que sont chez nous le nerprun, le prunellier et l’épine blanche. Ils avaient ajouté un bord supérieur saillant d’une épine semblable à nos ronces : c’était par là qu’ils saisissaient la couronne et la secouaient violemment. J’ai vu l’endroit où ils avaient été chercher ces épines. Quand ils l’eurent attachée sur la tête de Jésus, ils lui mirent un épais roseau dans la main. Ils firent tout cela avec une gravité dérisoire, comme s’ils l’eussent réellement couronné roi. Ils lui prirent le roseau des mains, et frappèrent si violemment sur la couronne d’épines que les yeux du Sauveur étaient inondés de sang. »

»Après avoir été flagellé sur tout son corps, c’est maintenant la tête de Jésus qui est suppliciée par les bourreaux. Pas une seule partie de son corps ne sera épargnée par la souffrance comme le prophétisait Isaïe dans l’ancien testament : « Depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, il n’y a rien en lui de sain. » (Is 1,6).

Parmi les multiples méditations que l’on peut faire sur ce couronnement d’épines – nous avons déjà médité sur le Christ Roi – nous allons nous arrêter sur les péchés de l’esprit. La tête est en effet le lieu de l’esprit, des pensées. En ayant sa tête transpercée de part en part dans une douleur indicible, le Christ vient racheter tous nos péchés de la pensée. Oh qu’ils sont nombreux, souvent invisibles mais combien terribles. Rappelons-nous ce que nous récitons à chaque messe « quia peccavi nimis cogitatione / par ce que j’ai péché en pensée… ». Pour illustrer cela, le Christ nous a expliqué dans l’Évangile que l’adultère pouvait parfaitement se faire sans acte, uniquement dans l’esprit d’une personne et que c’était tout aussi grave aux yeux de Dieu. Outre l’impureté, il y a tant de fautes qui se font dans nos pensées : l’orgueil, la haine, l’envie, le refus de pardonner, l’oubli de Dieu dans sa vie de tous les jours, l’égoïsme, et bien d’autres choses.

Et chaque fois nous enfonçons alors profondément et silencieusement une épine de plus dans la tête de Notre Seigneur. Toute vie spirituelle, toute volonté d’obéir aux lois divines doit donc commencer par un travail sur sa pensée, sur son imagination. En bref, pour suivre le Christ, il faut commencer par mortifier son esprit. C’est le fruit du mystère que nous méditons. Notre nature humaine étant dégradée par le péché, notre esprit va naturellement se tourner vers les plaisirs et le mal si nous lui laissons libre cours. Il faut donc travailler en amont, anticiper et entrainer sans cesse notre esprit à mépriser les tentations du monde. Saint Alphonse de Liguori explique les bénéfices d’un tel travail :

« Il est fort utile, pour triompher dans les combats spirituels, de les prévenir dans nos méditations, en nous disposant d’avance à résister de toutes nos forces aux attaques quipeuvent nous surprendre. C’est ainsi qu’on a vu les Saints parler avec douceur ou garder le silence, sans éprouver aucun trouble, en recevant une injure grave, en se voyant tout à coup persécutés avec violence, saisis d’une vive douleur dans le corps ou dans l’âme, en perdant un objet de grande valeur ou une personne chérie. »

Dans cette nécessaire préparation de notre esprit, la toute première chose à travailler est l’humilité. Il faut forcer notre esprit à être humble comme Jésus lui-même est « doux et humble ». C’est le fondement de tout. Sans humilité impossible de maitriser son esprit. Et pour arriver à cette humilité, rien de plus efficace que de contempler l’image de Jésus couronné d’épines. Lui, Dieu fait homme, le Roi des Rois, la perfection et la splendeur même, il est là sous nos yeux, acceptant docilement d’être encore plus humilié que le dernier des esclaves. Face à cela acceptons de voir la réalité de notre vie, notre immense faiblesse, notre absence de mérites. Nous pensons aimer Dieu dans notre petite vie confortable ? « Celui qui aime Dieu quand tout va bien ne peut pas affirmer avec certitude qu’il aime Dieu. » Saint Maximilien-Marie Kolbe. Nous sommes fiers d’avoir réalisé de belles choses, nous avons un certain rôle dans la société ? « Vanité des vanités, tout est vanité » (Ecl 1 :2).  Abaissons-nous devant notre créateur. Dans nos vies, rien n’est fait par nos propres mérites ; tout vient des mérites de la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ, tout vient du don de sa Grâce et de sa Miséricorde.

« Notre force est dans la connaissance de notre faiblesse et dans l’humble aveu de notre misère. » dira Saint Augustin. Ou encore Saint Jérôme : « toute la perfection de la vie présente consiste à reconnaître ses imperfections. » Conscient de cela, le Roi Saint Louis demandera à mourir sur un lit de cendres. Lorsque notre esprit est placé dans une humilité profonde, nous pouvons alors plus facilement passer à une autre phase de la “mortification des sens“ : le repentir. Repentir, ou contrition, implique (1) avoir conscience de notre culpabilité (2) regretter le mal que nous avons fait au Christ et (3) avoir la ferme intention de ne pas recommencer. Cela doit être notre état d’esprit lors du sacrement de la confession. Là aussi, lorsque nous sommes devant Dieu pour lui demander pardon de nos péchés, par l’intermédiaire du prêtre, fixons nos yeux sur les épines de Jésus. A cette vue, nous n’aurons presque plus d’efforts à faire pour nous repentir.

Une fois que l’humilité et le repentir auront réellement pénétré notre esprit, nous serons alors prêts pour l’ultime étape: recourir à Jésus et nous abandonner à Lui. C’est là qu’il pourra intervenir en nous, comme nous l’explique encore Saint Alphonse : « Pour persévérer dans le bien, nous ne devons pas nous fier aux résolutions que nous avons prises, ni aux promesses que nous avons faites à Dieu. Dès que nous comptons sur nos propres forces, nous sommes perdus. C’est dans les mérites de Jésus-Christ que nous devons placer toute notre espérance pour nous maintenir dans l’état de grâce ; son secours nous fera persévérer jusqu’à la mort, fussions-nous combattus par toutes les puissances de la terre et de l’enfer. Quelquefois, sans doute, nous nous trouverons tellement abattus et assaillis de tant de tentations que notre ruine nous paraîtra presque inévitable ; gardons-nous alors de perdre courage et de nous abandonner au désespoir ; recourons à Jésus crucifié, et il nous empêchera de tomber. »

Pour réussir à nous abandonner dans le Christ et le suivre en portant notre croix, il y a un moyen d’une efficacité redoutable : nous abandonner d’abord à sa Mère et la laisser agir en nous. Demandons-lui de nous aider à recourir à Jésus couronné d’épines, Elle qui l’a vu réellement dans cet état. La vision des épines défigurant le visage de son divin fils transperçait son Cœur dans des souffrances intérieures indescriptibles. Elle aussi a offert ses souffrances pour réparer nos péchés de l’esprit. C’est pourquoi le Christ l’a faite médiatrice de toutes les grâces. L’expression de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort “A Jésus par Marie“ne doit pas être galvaudée.

Cela signifie selon Saint Maximilien Kolbe, qu’ « il faut que ce soit Elle qui fasse tout ; soyons son instrument… L’essentiel n’est pas de beaucoup agir selon notre idée, mais d’être entre ses mains. Elle seule peut le mieux réaliser la gloire de Dieu, alors que nous, nous gâtons beaucoup de choses. Tout dépend de notre parfaite docilité à son égard. Rien n’est plus parfait que l’union de notre volonté à la sienne. » Et dans nos temps difficiles, l’obéissance à Marie signifie réaliser fidèlement ses demandes de Fatima. Ne nous laissons pas perturber par les multiples messages nouveaux, qui sous apparence de bien, occultent en réalité les demandes essentielles de Fatima. Soyons comme les serviteurs de Cana. Ayons une obéissance sans failles au Cœur Immaculé de Marie, en particulier dans le Rosaire et les “1er samedi du mois“.  C’est par ce moyen qu’Elle nous a promis la paix.

Salve Corda

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