1er samedi sept. 2023 Méditation sur l’agonie de NSJC

1er mystère douloureux : L’agonie de Notre Seigneur au jardin des oliviers

Fruit du mystère : La contrition de nos péchés

Celui qui veut vraiment connaître le Cœur de Jésus doit comprendre son agonie au jardin des oliviers. Agonie veut dire en latin et en grec “combat“ car c’est bien de cela dont il s’agit. C’est le combat du Cœur de Jésus qui va, dans des tourments inouïs, lutter pour finalement accepter l’inacceptable et décider de donner à son Père son “Fiat“ par amour pour nous. Cette épreuve il la vivra dans son humanité seule, sans l’assistance de sa divinité. Son Cœur de chair sera le seul combattant dans ces ténèbres avec comme unique motivation son amour démesuré pour nous. Là est la gloire du “Sacré-Cœur“. Pour rentrer dans ce mystère, nous nous aiderons entre autres, des visions de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich (ACE), religieuse mystique stigmatisée (1774-1824).

 

La terrible agonie de Notre Seigneur va comporter trois moments terribles particuliers que nous allons méditer. 

1/ Le dégoût au contact des péchés du monde

Débutant sa prière à genoux, Jésus voit soudain fondre sur lui l’horreur de tous les péchés du monde dont il doit se revêtir. Lui, la pureté même, le voilà transformé aux yeux de son Père en atroce pécheur, plein de tous les vices les plus immondes. Alors le dégoût de ces péchés de l’humanité qu’il porte va le submerger et le terrasser. Comme au désert, Satan sera là et va le tenter. « Satan, sous une forme effrayante, s’agitait au milieu de toutes ces horreurs avec un rire infernal, et montrait une fureur toujours croissante contre Jésus. Il faisait passer devant son âme des tableaux de plus en plus affreux, et criait sans cesse à l’humanité de Jésus :  

 – Comment ! Prends-tu aussi ce péché-ci sur toi ? En souffriras-tu le châtiment ? Veux-tu satisfaire pour tout cela ?   

Il prit tout sur lui, mais son cœur, le seul qui aimât parfaitement Dieu et les hommes au milieu de ce désert plein d’horreur, se sentit cruellement torturé et déchiré sous le poids de tant d’abominations. » ACE.

2/ L’angoisse à la vue de sa passion

Après avoir tenté un soutien infructueux auprès de ses apôtres, Jésus repart encore plus seul pour une nouvelle lutte. Ce sera cette fois-ci la vision anticipée de sa passion : « Je vis la trahison de Judas, la fuite des disciples, les insultes devant Anne et Caïphe, le reniement de Pierre, le tribunal de Pilate, les moqueries d’Hérode, la flagellation et le couronnement d’épines, la condamnation à mort, le portement de la croix, la rencontre de la sainte Vierge, son évanouissement, les insultes que les bourreaux lui prodigueraient, le voile de Véronique, le crucifiement, les outrages des Pharisiens, les souffrances de Marie, de Madeleine et de Jean, le coup de lance dans le côté. En un mot, tout lui fut présenté dans les plus petits détails. Je vis comment le Seigneur, dans son angoisse, voyait tous les gestes, entendait toutes les paroles, percevait tout ce qui se passait dans les âmes. Il accepta tout volontairement, il se soumit à tout par amour pour les hommes. » ACE

3/ L’ingratitude des hommes et l’inutilité de sa Passion pour beaucoup d’entre eux

Ce troisième assaut contre Jésus est remarquablement bien expliqué par le Père Charles Parra (1920) : « Il y a une angoisse plus lancinante que toutes les autres et qui, à cette heure, broie le Cœur de Jésus : c’est la prévision précise et certaine de la stérilité́ de son sang [pour une partie des hommes NDLR]. Malgré sa Passion et sa mort, des âmes se perdront : c’est l’agonie essentielle du cœur. Il aurait eu la certitude que tous ceux pour lesquels, sans exception, il offrait sa vie, seraient sauvés, sa douleur lui eût paru tolérable. Mais souffrir tout cela et savoir qu’un jour il devra se retourner contre ceux pour qui très volontiers il meurt, et, de tout son amour méprisé, de tout son sang profané, les accabler et les rejeter en enfer, ce fut le coup suprême qui fit éclater son Cœur et couler une sueur de sang. » Oui, la vision de l’ingratitude des hommes et l’inutilité de son sacrifice pour beaucoup plongent Jésus dans un tourment indicible qui Le tentera de vouloir tout arrêter.

L’infidélité d’une partie de son Église elle-même Le fera souffrir tout particulièrement : « Il vit la tiédeur, la corruption et la malice d’un nombre infini de Chrétiens, le mensonge et la fourberie de tous les docteurs orgueilleux, les sacrilèges de tous les prêtres vicieux, les suites funestes de tous ces actes, l’abomination de la désolation dans le Royaume de Dieu, dans le sanctuaire de cette ingrate humanité qu’il voulait racheter par son sang au prix de souffrances indicibles. (…)

Je vis passer devant l’âme du pauvre Jésus, dans une série de visions innombrables, les scandales de tous les siècles jusqu’à notre temps, et même jusqu’à la fin du monde. Toutes les formes de l’erreur, de la fourberie, du fanatisme furieux, de l’opiniâtreté et de la malice ; tous les apostats, les hérésiarques, les réformateurs aux airs de saints, les corrupteurs et les corrompus l’outrageaient et le tourmentaient tour à tour.  (…) Il en vit une infinité d’autres qui n’osaient pas le renier hautement, mais qui s’éloignaient avec dégoût des plaies de son Église, comme le lévite s’éloigna du pauvre homme laissé presque mort par les voleurs. Comme des enfants lâches et sans foi abandonnant leur mère au moment de la nuit, ils s’éloignaient de son épouse blessée [l’Église].

(…) Le Christ, le Fils de l’homme, luttait et joignait les mains, il tombait comme accablé, sur ses genoux, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. Sa volonté humaine livrait un si terrible combat contre la répugnance à tant souffrir pour une race si ingrate, que la sueur en larges gouttes de sang coulait de son corps jusqu’à terre. Dans sa détresse, il regardait autour de lui comme cherchant du secours, et semblait prendre le ciel, la terre et les astres du firmament à témoin de ses souffrances. » ACE

A ce moment de son agonie, seront cités deux actes qui ont particulièrement fait souffrir le Christ : les outrages dans l’Eucharistie et l’abandon du sens du sacré.

1 « Il me fut dit que ces troupes innombrables d’ennemis du Sauveur étaient ceux qui le maltraitaient de diverses manières dans le Saint-Sacrement, où il était réellement présent sous les espèces du pain et du vin, avec sa divinité et son humanité. (…) Je vis avec horreur tous ces outrages, depuis la négligence, l’irrévérence, l’omission, jusqu’au mépris, à l’abus et au sacrilège le plus affreux. (…) Je vis des clercs irrévérencieux, des prêtres légers ou sacrilèges dans la célébration du saint Sacrifice et la distribution de la sainte Eucharistie, et des foules de communiants tièdes et indignes. » ACE

2 « Un grand nombre [de prêtres ndlr] croyaient et enseignaient la présence du Dieu vivant dans le très saint Sacrement, mais ne la prenaient pas assez à cœur. Car ils oubliaient et négligeaient le palais, le trône, la tente, le siège, les ornements royaux du Roi du ciel et de la terre, à savoir l’église, l’autel, le tabernacle, le calice, l’ostensoir, les vases, les ornements, en un mot, tout ce qui sert à l’usage et à la parure de sa maison. Tout était abandonné, tout dépérissait dans la poussière et dans la saleté, et le culte divin était, sinon profané intérieurement, au moins déshonoré à l’extérieur. L’impureté et la négligence s’étendaient jusque sur les âmes des fidèles : ils laissaient le tabernacle de leur cœur dans la saleté lorsque Jésus devait y descendre, comme ils laissaient le tabernacle de l’autel dans la saleté.  ACE

Que cette méditation de l’agonie de Notre Seigneur nous réveille. Nous croyons aimer Jésus, le Christ, le Fils de Dieu ? Alors ne communions plus jamais d’une façon négligée, indifférente, irrespectueuse ou, selon les mots de Monseigneur Schneider, “comme si on allait chercher un bonbon dans la main“. Ne communions plus jamais en pensant à autre chose, en oubliant Jésus au bout de quelques minutes seulement, en quittant vite l’église pour faire nos mondanités ou pire, en bavardant directement dans l’église. Alors que le Christ est réellement présent en nous pendant environ quinze minutes après la communion, nous l’abandonnons et devenons la cause directe d’une prolongation de son agonie.

Au contraire, gardons le silence, restons suffisamment longtemps dans le recueillement de ce merveilleux cœur à cœur avec Lui. Soignons Notre Seigneur par notre amour et notre délicatesse. Rappelons-nous son agonie et réparons avec notre prière intérieure toutes les ingratitudes et les offenses commises contre Lui. Nous savons que la plus grande récompense du Ciel c’est de pouvoir être en présence de Dieu lui-même. Et bien le sacrement de l’Eucharistie, c’est déjà le Ciel en avance.

Soyons sûrs que nous n’accèderons à ce bonheur d’être au Ciel avec Dieu que dans la mesure où nous aurons pris soin de Notre Seigneur dans la communion et que nous ne lui aurons pas fait subir de nouvelle agonie lorsqu’il se livre ainsi à nous.  

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