1er samedi mai 2024 Méditation sur les Noces de Cana

4ème mystère joyeux : Méditation sur les Noces de Cana   

Fruit du mystère proposé : Une parfaite obéissance à la volonté de Dieu

Le miracle des Noces de Cana (Jn 2, 1-11) est un passage de l’Évangile qui a deux particularités : d’une part il marque l’entrée de Notre Seigneur dans sa vie publique et d’autre part c’est le seul miracle où la Sainte Vierge intervient. Commençons par méditer ce deuxième point.

Lorsque Notre Dame attire l’attention du Christ sur l’absence de vin, Notre Seigneur a une réaction qui peut nous surprendre : “Mon heure n’est pas encore venue.“ En cela, il ne refuse pas la prière de la Sainte Vierge, mais Il indique qu’il manque quelque chose avant de commencer sa vie publique. Alors que manque-t-il ? La suite nous apporte la réponse. Sous l’inspiration du Saint-Esprit, Notre Dame va comprendre que la mission publique de Jésus doit commencer mais qu’il manque son aval. En disant aux serviteurs : “Faites tout ce qu’il vous dira“, Elle envoie Jésus dans le monde. Voilà donc ce qui manquait à ce Fils si respectueux de ses parents : l’accord de sa merveilleuse Mère. Quelle délicatesse ! Oh Notre Dame, que votre phrase a dû éprouver votre Cœur. Non seulement cela signifiait pour vous le départ de votre Fils, mais vous saviez très bien où cela conduirait. Mais telle étant la volonté du Père vous nous avez envoyé Jésus, lui faisant quitter sa vie cachée avec Vous à Nazareth.

Notons ici que cette vie cachée aura duré 30 ans (90% de la vie du Christ sur terre !). Une telle disproportion doit générer des questions car dans notre vision terrestre des choses, nous imaginons toujours qu’un homme providentiel va agir en permanence, de façon visible. Au contraire, ce Messie, attendu depuis des siècles, Dieu lui-même, roi du Ciel et de la terre, va se cacher pendant presque toute sa vie. L’Évangile même cachera cette période et la décrira en une seule phrase !  Quel sens tout cela a-t-il ? Don Augustin Guillerand, célèbre chartreux, nous répond : « L’Évangile s’en est tu. Il lui a suffi de dire que Jésus obéissait ; et il doit nous suffire à nous même de savoir cette obéissance. Car on ne vaut pas par ce que l’on fait, mais par l’âme que l’on sait y mettre. » Jésus nous montre ainsi ce qui est le plus important sur terre : la vie de l’âme invisible. C’est cette vie intérieure, ce cœur à cœur permanent avec Dieu. La veuve de l’Évangile, qui dépose sa modeste offrande sans que personne ne la voit mais avec toute son âme (car elle donne une partie de son essentiel), illustre parfaitement la vie cachée de Jésus. Nous aussi, à son exemple, cessons de vouloir paraître aux yeux du monde et attachons-nous à retrouver Dieu dans notre vie spirituelle intérieure.

Nous pourrions croire que les Noces de Cana allaient mettre un terme à cette vie cachée de Jésus. Notre chartreux nous explique qu’il n’en est rien. « La vraie vie, en effet, est toujours cachée. La vie publique n’est que la vie cachée qui se découvre. La vie publique, si elle n’est pas cela, n’est qu’un trompe l’œil. » Preuve en est que dans sa vie publique Jésus continuera à se cacher. Les hommes veulent en faire un roi visible ? Il s’enfuira. Lors de sa Passion toutes ses douleurs seront vécues dans son amour intérieur pour nous. Lors de sa Résurrection, il restera caché au monde.  Il nous a dit dans l’Évangile « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mat 28,20) Comment est-il avec nous aujourd’hui ? Toujours caché. Caché dans la Sainte Hostie, caché dans le Tabernacle, caché au fond de notre cœur, comme il l’était à Nazareth. C’est pourquoi l’essentiel de notre vie avec Notre Seigneur ce ne sont pas les grandes démonstrations extérieures, les acclamations, etc. C’est avant tout cette vie cachée avec lui dans le silence et la prière intérieure.

Mais en quoi consistait réellement cette vie cachée de Jésus à Nazareth ? Don Guillerand nous répond : « Un seul mot enferme en ses quelques syllabes assourdies et simples les années de l’adolescence et de la jeunesse de Jésus : subditus (Lc 2,51), il était soumis ; il était mis au-dessous des autres êtres, il se comportait à leur égard en inférieur. »  Quel exemple ! Plus des trois quarts de sa vie, Jésus, le Roi des Rois, a été le dernier, le tout petit. Il n’a été qu’humilité, soumission à ses parents et à la volonté de Dieu. « La mort était née d’une révolte. La vie renaissait d’une soumission » nous expliquera le chartreux. Ces paroles nous font rentrer directement dans l’autre aspect des Noces de Cana.

Cana est en effet le miracle de la soumission et de la stricte obéissance à la volonté divine. Reprenons les paroles de la Sainte Vierge “Faites tout ce qu’il vous dira.“ L’injonction de Marie est sans équivoque. Il s’agit d’obéir scrupuleusement à Jésus. D’effacer totalement notre volonté devant la Sienne. C’est ce que vont faire les serviteurs. Notons ici plusieurs points sur leur remarquable obéissance. Alors que l’ordre était absurde sur le plan humain, qu’ont-ils fait ? Ont-ils discuté ? Non. Ils ont exécuté la demande de Jésus sans murmurer. Si le monde d’aujourd’hui avait été à leur place que n’aurions-nous pas entendu ! “C’est absurde“, “pour quoi faire“, “il ne manque pas d’eau mais du vin“, etc. Oui, dans ce monde plein d’orgueil, l’exemple des serviteurs de Cana est un guide dans la nuit.

Le deuxième point que nous pouvons noter est leur façon d’obéir. Et ils les remplirent [les jarres] jusqu’au bord.“  Leur obéissance est parfaite. Non seulement ils suivent exactement la demande de Jésus, mais ils le font au maximum de leurs possibilités (jusqu’au bord). Ici aussi, imaginons la réaction du monde d’aujourd’hui. Certains auraient plutôt choisi de verser l’eau dans des carafes, d’autres auraient préféré aller chercher quelques restes de vin, etc. Dans l’Évangile le Christ nous parle de cette attitude qui consiste à faire sa propre volonté sous apparence de bien au détriment de la volonté de Dieu : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : “Seigneur, Seigneur“, qui rentreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les Cieux. » (Mat 7,21) Le message est clair. Saint Alphonse de Liguori insistera : « Dieu a sans doute pour agréable les mortifications, les méditations, les communions, les œuvres de charité envers le prochain ; mais dans quel cas ? Quand elles ont pour règle sa volonté. Si au contraire sa volonté divine en est absente, c’est peu dire qu’il ne les agrée pas : il les a en abomination, et il les punit. »  Ainsi, dans la bible, lorsque Dieu demande à Moïse de parler au rocher, Moïse n’obéira pas exactement et frappera le rocher avec son bâton. Dieu le punira sévèrement en le privant de la terre promise. Et c’est Moïse !

Oui, l’exemple de la stricte obéissance des serviteurs de Cana doit interpeler le catholique d’aujourd’hui. Face à l’état dramatique du monde moderne, la Sainte Vierge est venue à Fatima dire ce que Dieu attend pour convertir le monde : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et on aura la paix.» Fatima 13 juillet 1917. Et Elle précisera les moyens par lesquels Dieu veut que cette dévotion s’exerce, entre autres le Rosaire et la réparation des 1ers samedis du mois.  Sœur Lucie, voyante de Fatima, a fidèlement expliqué les choses à plusieurs reprises : « De la pratique de cette dévotion, unie à la consécration au Cœur Immaculé de Marie, dépendent pour le monde la paix ou la guerre.  (…) « Cela signifie que Dieu veut que ce soit cette dévotion et non une autre. »  Soeur Lucie, 1939

« Elle a dit [la Sainte Vierge ndlr], aussi bien à mes cousins qu’à moi-même, que Dieu donnait les deux derniers remèdes au monde : le Saint Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et ceux-ci étant les deux derniers remèdes cela signifie qu’il n’y en aura pas d’autre. » Sœur Lucie, 1957

 Nous avons bien lu : les demandes de Fatima sont les derniers remèdes envoyés au monde et Dieu veut que le salut de ce monde soit obtenu par cette dévotion et non une autre. Si nous sommes nombreux à vouloir œuvrer et prier pour la conversion du monde, ce qui est très bien, combien le font en commençant par réaliser fidèlement la volonté de Dieu exprimée à Fatima ? Trop de fidèles préfèrent suivre telle nouvelle mystique, telle nouvelle apparition, ou encore telle nouvelle dévotion. Finalement, chacun y va un peu de son moyen pour le salut du monde oubliant de faire d’abord la volonté de Dieu. Face à cela, Sœur Lucie de Fatima écrira ces mots qui nous concernent tous « Toujours dans les plans de la providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise avant tous les autres recours. Or comme il a vu que le Monde n’a fait cas d’aucun [confère le refus des demandes du Sacré-Cœur ndlr], alors, comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, Sa Très Sainte Mère [et la façon dont il veut qu’on la prie ndlr]. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du Ciel parce que nous aurons commis un péché que l’Évangile appelle le péché contre l’Esprit Saint, qui consiste à repousser ouvertement en toute connaissance et volonté le salut qu’on nous offre. »

Alors, cessons nos “Seigneur, Seigneur“. Soyons de nouveaux serviteurs de Cana et en réalisant ce que Dieu nous demande, nous obtiendrons le triomphe du Cœur Immaculé de Marie promis à Fatima.

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